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plasma se segmentait pour former autant de cellules qu’il était né de noyaux. Dans ces derniers temps, on a abandonné successivement l’une et l’autre de ces opinions, et l’on considère aujourd’hui toute cellule, soit animale, soit végétale, comme produite par la segmentation d’une cellule préexistante. D’où le principe à peu près généralement admis : Omnis cellula e cellula. À ce principe, on en a récemment ajouté un second : Omnis nucleus e nucleo, c’est-à-dire que tout noyau, comme toute cellule, est considéré comme provenant de la segmentation d’un noyau préexistant. On comprend que je ne puisse pas citer ici les noms de tous les hommes qui ont contribué aux remarquables et rapides progrès que je viens de résumer. Je me bornerai à nommer : en France, Ch. Robin, qui a créé dans notre pays le premier laboratoire histologique, une quinzaine d’années avant que le gouvernement impérial eût songé à établir une chaire pour l’enseignement de cette science, Ranvier, etc. ; en Allemagne, Auerbach, Butschli, Flemming, Oskar Hertwig, pour la zoologie ; Schmitz et surtout Strasburger, pour la botanique. Le nom de M. Strasburger restera attaché à l’étude de la division des cellules et des noyaux, parce qu’il est le premier qui ait fourni sur ces importants phénomènes des données positives, et parce qu’il a établi, le premier, les principes cités plus haut, que toute cellule et tout noyau proviennent d’une cellule et d’un noyau préexistants.

J’entends le lecteur poser cette question : D’où sont venus la première cellule et le premier noyau, ou, si l’on veut, les premières cellules et les premiers noyaux ?

Question de la plus haute importance, en effet, car si tous les animaux et tous les végétaux ne sont formés que de cellules et si toutes les cellules proviennent actuellement de cellules préexistantes, l’origine des premières cellules se confond nécessairement avec celle des premiers organismes vivants.

Pour résoudre ce problème, il importe de revenir au protoplasma. Nous avons dit déjà que lui seul représente la partie essentielle, indispensable à toute cellule ; il peut exister des cellules sans noyau et sans membrane, tandis qu’il n’y a pas de cellule vivante sans protoplasma. Étudions donc de plus près les caractères du protoplasma.

Au point de vue physique, le protoplasma est une substance molle, plus ou moins gélatineuse, incolore, parsemée de granulations grisâtres. Ses propriétés endosmotiques sont énergiques et ses propriétés optiques tendent toutes à le faire considérer comme formé par des particules cristalloïdes, juxtaposées, ou plutôt très rapprochées les unes des autres, comme les éléments d’un cristal, et séparées par des couches très minces d’une substance plus liquide. Au point de vue chimique, le protoplasma est formé par le mélange d’un nombre variable de substances albuminoïdes avec des substances inorganiques et de l’eau. Les propriétés physiques et la composition chi-