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chement qu’ils appartiennent, et que tout le règne animal est construit sur un plan unique ; il donnait à sa théorie le nom de « Théorie des analogies. » Il n’est pas inutile de montrer sur quoi il l’établissait.

La théorie des analogies de Geoffroy Saint-Hilaire. Cuvier et toute son école avaient pour principe de ne tenir compte que de la forme et de la fonction des organes ; ils considéraient comme absolument de distincts tous les organes qui n’avaient pas la même forme et qui n’exerçaient pas la même fonction. Geoffroy n’avait pas de peine à prouver que cette manière de procéder était tout à fait insuffisante ; il montra qu’un même organe peut exercer chez deux animaux différents des fonctions différentes et offrir des formes distinctes. Il prouva, par exemple, que l’appareil operculaire des poissons n’est que l’appareil auriculaire des autres vertébrés modifié dans ses formes et servant à d’autres usages ; il fit voir encore toutes les transformations subies par l’appareil hyoïdien, depuis les poissons où il est très compliqué, jusqu’à l’homme où il n’est plus représenté que par quelques os de peu d’importance ; il en déduisit que pour déterminer la nature d’un organe il ne faut pas se borner à tenir compte de sa forme et de sa fonction, mais qu’il faut avant tout s’en rapporter à ses rapports avec les organes voisins ; c’est cette règle qu’il désignait sous le nom de loi des connexions.

La loi des connexions de Geoffroy Saint-Hilaire. « Il est évident, dit-il[1], que la seule généralité à appliquer ici est donnée par la position, la relation et la dépendance des parties, c’est-à-dire par ce que j’embrasse et que je désigne par le nom de connexion. »

Je rappellerai que la théorie des analogies avait été entrevue par Buffon dans ce passage de son histoire de l’âne où il montre les formes que peut offrir un même organe quand on l’étudié dans des animaux différents. Le style même de Geoffroy se ressent de l’origine de ses idées. En 1796, il écrit[2] : « Une vérité constante pour l’homme qui a observé un grand nombre des productions du globe, c’est qu’il existe entre toutes leurs parties une grande harmonie et des rapports nécessaires ; c’est qu’il semble que la nature se soit renfermée dans de certaines limites et n’ait formé tous les êtres vivants que sur un plan unique, essentiellement le même dans son principe, mais qu’elle a varié de mille manières dans toutes ses parties accessoires. Si nous considérons particulièrement une classe d’animaux, c’est là surtout que son plan nous paraîtra évident : nous trouverons que les formes diverses, sous lesquelles elle s’est plu à faire exister chaque espèce, dérivent toutes les unes des autres : il lui suffit de changer quelques-unes des proportions des organes, pour les rendre propres à de nouvelles fonctions, et pour en étendre ou restreindre les usages. » « On sait, dit-il encore, en 1807[3], que la nature

  1. Philosophie anatomique, p. xxii.
  2. Dissertation sur les Makis, in Magasin encyclopédique, t. VII, p. 20.
  3. Considérations sur la tête osseuse des animaux vertèbres et particulièrement de celle des oiseaux, p. 2.