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tence d’autres terres semblables à la nôtre. D’où viennent ces astres minuscules et où vont-ils ? Nul ne pourrait le dire avec quelque certitude. Il nous est seulement permis de supposer qu’ils proviennent de la dislocation de quelque astre vieilli, dont les éléments, dispersés dans l’espace, vont grossir d’autres astres plus jeunes. 6o Enfin, le soleil se déplace dans les espaces infinis du ciel, entraînant après lui les planètes et leurs satellites, les comètes et les météorites, et décrivant autour de quelque soleil plus volumineux et doué d’une force d’attraction plus puissante, ou bien autour d’un groupe de soleils, une orbite dont nous ignorons le tracé, mais qu’il parcourt avec une rapidité telle qu’il franchit en une seule année plus d’une fois et demie la distance du soleil à la terre, c’est-à-dire près de 250 millions de lieues.

Étoiles. Malgré l’immense étendue qu’il occupe dans le ciel, notre monde solaire ne représente qu’une fraction infinitésimale de l’univers. Chacune des étoiles qui brillent dans la nuit de notre terre est un soleil analogue au nôtre, servant comme lui, selon toute probabilité, de centre à un système planétaire comparable à celui qui se meut autour de notre soleil ; or, le nombre des étoiles est incalculable ; nous n’en pouvons voir qu’une très minime partie, et beaucoup sont situées à une telle distance de notre globe qu’il pourra parcourir toutes les phases de son évolution avant que leur lumière soit venue le frapper.

Nébuleuses. Indépendamment des planètes, des soleils ou étoiles et des autres astres à forme définie dont nous venons de parler, il existe, dispersés dans l’immensité du ciel, des corps lumineux que l’irrégularité de leurs contours et l’indécision de leurs limites ont fait désigner sous le nom de nébuleuses. Certaines nébuleuses sont constituées par des amas d’étoiles très rapprochées en apparence les unes des autres, tandis que d’autres sont manifestement composées d’une substance vaporeuse qui ne s’est pas encore condensée en étoile. Assurément, ces masses énormes ne sont pas plus en repos que les étoiles et les planètes. Toutes les parties constituantes de l’univers se meuvent suivant des lois précises et subissent, les unes par rapport aux autres, des déplacements que l’astronome peut mesurer avec autant de précision que le physicien compte les oscillations d’un pendule. Composés d’une matière qui change sans cesse de forme, mais qu’aucune puissance ne saurait ni détruire ni créer, ils parcourent, en nombre indéfini, d’un mouvement éternel, un espace illimité.

Après ce rapide coup d’œil jeté sur l’organisation de l’univers, il nous sera plus facile d’exposer les systèmes imaginés par Buffon, par ses prédécesseurs et par ses successeurs pour expliquer l’origine et la formation de la terre.

Système de Leibnitz. À l’époque de Buffon, on admettait assez, généralement l’opinion émise par Leibnitz sur cette grave question. Le philosophe allemand pensait que la terre et les autres planètes de notre système solaire avaient été jadis autant de soleils fluides, incandescents et lumineux, qui s’étaient peu à peu solidi-