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ou augmente la vitesse des tranches parallèles au sens du mouvement. Les tourbillons de la photosphère absorbent les nuages lumineux de la surface brillante, et comme ils exercent aussi, dans le sens de leur axe, une sorte d’aspiration sur les régions froides placées au-dessus, ils entraînent dans leur entonnoir, évasé circulairement, les matériaux refroidis de la chromosphère ; de là un abaissement de température bien capable de donner l’opacité requise au noyau obscur du tourbillon. » Les trous les plus noirs sont dus à ce que le tourbillon pénètre plus profondément dans l’épaisseur de la photosphère. Quant aux bords des taches, ils sont plus brillants que le reste du disque solaire, parce que le tourbillon y détermine une condensation des parties lumineuses de la photosphère qu’il écarte. Enfin, la zone ombrée (pénombre), située entre la tache noire centrale (noyau) et les bords lumineux (facules), est produite par des granulations lumineuses que les courants ascendants amènent et qui, étant saisies par l’abaissement de température qui se produit le long des parois de l’entonnoir, s’y condensent et s’y déposent en perdant une partie de leur chaleur et de leur lumière. Pour expliquer les protubérances qui font saillie à la surface de la photosphère, Faye suppose que les masses gazeuses de la chromosphère, aspirées par les tourbillons et entraînées par eux jusqu’à une certaine profondeur dans la photosphère, remontent ensuite à la surface, en surgissant sous la forme de flammes d’autant plus hautes que la force d’expansion du gaz en combustion est plus grande.

Composition chimique du soleil. Voyons maintenant quels sont les résultats qui ont été obtenus dans les recherches faites sur la composition chimique du soleil. L’importance de ces observations, l’époque relativement récente à laquelle elles ont été commencées, et surtout les résultats merveilleux qu’elles ont donnés et qu’elles fournissent chaque jour, rendent nécessaire de dire quelques mots des procédés employés pour les faire, et des principes sur lesquels ces derniers s’appuient.

Tout le monde sait que quand on fait passer un rayon de la lumière blanche du soleil à travers un prisme, il se décompose en sept rayons colorés : rouge, orangé, jaune, vert, bleu, indigo, violet. En observant ces rayons, connus sous le nom de spectre solaire, à l’aide d’une lunette grossissante, un physicien de Munich, Fraüenhofer, découvrit, en 1817, qu’ils sont coupés, de distance en distance, par un grand nombre de raies noires ; il en compta plus de cinq cents ; on en figure aujourd’hui plus de trois mille. Ces raies ont reçu, du nom de celui qui les a vues le premier, la dénomination de raies de Fraüenhofer. Afin de préciser plus facilement leur position dans le spectre, Fraüenhofer en avait distingué huit principales, qu’il désigna par les huit premières lettres de l’alphabet. La raie A est à l’entrée du rouge, B au milieu du rouge, C vers la fin du rouge, près de l’orangé ; D est située à peu près entre l’orangé et le vert ; E est au milieu du vert, F au milieu du bleu, G vers