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la fin de l’indigo ; H, qui est double, à la fin du violet. Fraüenhofer et ses successeurs ne tardèrent pas à voir des raies semblables dans la lumière fournie par la lune et les autres planètes, c’est-à-dire par tous les astres qui réfléchissent la lumière du soleil. On en trouva aussi dans le spectre des étoiles, mais elles y étaient différentes et différemment disposées. On les constata dans les spectres d’un grand nombre de lumières artificielles et l’on ne tarda pas à s’assurer, par ces dernières observations, que les raies varient de dimension, d’éclat, de position et de nombre suivant la nature des corps qui produisent la lumière examinée. Un autre fait très remarquable ne tarda pas à être découvert. On vit que la lumière électrique donne, non pas des raies sombres, mais un certain nombre de raies lumineuses. Examinant la lumière produite par la flamme d’une lampe à alcool ou à gaz dans laquelle on fait vaporiser un métal ou un de ses sels, on vit que cette lumière ne donne pas un spectre continu, mais seulement un certain nombre de raies brillantes, séparées par des espaces obscurs, et l’on s’assura que le nombre de ces raies brillantes est constant pour un même métal et qu’elles occupent toujours la même position par rapport aux raies du spectre solaire.

Dès le début de ces recherches, on a imaginé un instrument, le spectroscope, à l’aide duquel on peut examiner simultanément et superposer le spectre du soleil et celui de la lumière produite par un corps quelconque en combustion. Avec ce remarquable appareil, on put déterminer la position des raies obscures ou brillantes des diverses lumières, par rapport à celles du spectre solaire ; on étudia le spectre d’un très grand nombre de corps, et la nature des raies de chacun d’eux devint aussi caractéristique que sa coloration, sa densité, ses réactions chimiques, etc. On vit, par exemple, que le spectre du sodium est essentiellement caractérisé par une raie jaune, située exactement au niveau de la double raie D de Fraüenhofer, que le spectre du potassium est une raie rouge et une raie violette, etc. On fit d’autant plus volontiers usage de ce caractère pour reconnaître les corps, qu’il suffit de projeter une quantité infinitésimale du corps à étudier ou d’un de ses sels dans une flamme d’alcool ou de gaz pour obtenir le spectre de ce corps. La raie jaune du sodium, par exemple, est fournie par une flamme dans laquelle on introduit la millionième partie d’un milligramme de ce métal. Enfin, un autre fait très important fut encore découvert. On vit que si l’on fait passer une lumière Drummond, dont le spectre est très brillant, continu et sans des raies sur le spectre solaire, à travers une flamme contenant du sodium, celle-ci, au lieu de donner la raie jaune caractéristique du sodium, fournit, exactement à la même place, une raie noire très nette et de même dimension. En répétant cette expérience avec des flammes contenant d’autres corps en combustion, on s’assura qu’il est constant que les lumières métalliques traversées par la lumière Drummond, interceptent,