Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 1.pdf/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a rendues beaucoup plus commodes. D’après ce que nous avons dit plus haut, on devait s’attendre, en examinant la lumière de la chromosphère isolée, à obtenir un spectre dans lequel les raies noires du spectre ordinaire seraient remplacées par des raies brillantes. C’est, en effet, ce qui a lieu. On a ainsi reconnu l’existence dans la chromosphère des métaux suivants : sodium, baryum, magnésium, fer, manganèse, nickel, titane, cobalt, chrome, lithium, calcium, cérium, strontium, et celle de deux métalloïdes : l’hydrogène et le soufre. On regarde encore comme très probable la présence, dans la chromosphère, de l’oxygène, de l’azote et du chrome, parmi les métalloïdes ; du zinc, de l’erbium, de l’ythium, du lanthane, du didyme, de l’iridium et du ruthénium parmi les métaux. Par l’analyse de la couronne, on a obtenu un spectre contenant quelques raies obscures indiquant qu’elle donne en partie une lumière réfléchie, venant du reste du soleil, et une raie verte qui lui est propre ; on a attribué cette dernière soit à l’hydrogène, soit à l’oxygène.

Analogie de composition du soleil et de la terre. En résumé, les recherches spectroscopiques faites jusqu’à ce jour sur le soleil ont révélé une analogie complète entre la composition chimique de cet astre et celle de la terre, de même que les observations relatives aux planètes indiquent une grande similitude entre elles et notre globe ; enfin, tous ces faits plaident en faveur de l’opinion que toutes les parties constituantes du système solaire ont une origine commune.

L’origine des planètes d’après Buffon. Buffon avait donc vu juste quand il émettait l’opinion que la terre et toutes des planètes sont issues du soleil. Il nous reste à rechercher s’il était également dans le vrai ou si, au contraire, il commettait une erreur quand il attribuait la formation des planètes au choc oblique d’une comète contre la surface du soleil. Rappelons brièvement les traits principaux de son hypothèse : une comète rencontre le soleil, elle le frappe obliquement et détache la six cent cinquantième partie de ce globe vaporeux et incandescent. La matière ainsi séparée du soleil « ne sort pas de cet astre en globes tout formés auxquels la comète aurait communiqué son mouvement d’impulsion, mais cette matière est sortie sous la forme d’un torrent[1] » composé de substances différentes et ayant des densités inégales. Tandis que ce torrent enflammé s’éloignait de sa source avec une rapidité d’autant plus grande que « le mouvement des parties antérieures était accéléré par les parties postérieures » et « que d’ailleurs l’attraction des parties antérieures a dû aussi accélérer le mouvement des parties postérieures[2] » une division s’est opérée dans sa masse, « les par-

  1. Preuves de la théorie de la terre ; De la formation des planètes, t. Ier, p. 71.
  2. Ibid., t. Ier, p. 71. Pour bien faire comprendre la façon dont la direction du torrent a pu être modifiée au point d’acquérir le mouvement qui suit aujourd’hui les planètes, Buffon emploie la comparaison suivante : « Supposons qu’on tirât du haut d’une montagne une balle de mousquet, et que la force de la poudre fut assez grande pour la pousser au delà du demi-diamètre de la terre, il est certain que cette balle tournerait autour du globe et reviendrait à chaque révolution passer au point d’où elle aurait été tirée ; mais si, au lieu