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Quelque différence qui nous paraisse d’abord entre ces deux formes de montagnes, elles viennent cependant toutes deux de la même cause, comme nous venons de le faire voir ; seulement on doit observer que ces pierres calcinables n’ont éprouvé aucune altération, aucun changement depuis la formation des couches horizontales, au lieu que celles de sable vitrifiable ont pu être altérées et interrompues par la production postérieure des rochers et des blocs anguleux qui se sont formés dans l’intérieur de ce sable. Ces deux espèces de montagnes ont des fentes qui sont presque toujours perpendiculaires dans celles de pierres calcinables, et qui paraissent être un peu plus irrégulières dans celles de roc vif et de grès ; c’est dans ces fentes qu’on trouve les métaux, les minéraux, les cristaux, les soufres et toutes les matières de la seconde classe, et c’est au-dessous de ces fentes que les eaux se rassemblent pour pénétrer ensuite plus avant et former les veines d’eau qu’on trouve au-dessous de la surface de la terre.





ARTICLE X

DES FLEUVES



Nous avons dit que, généralement parlant, les plus grandes montagnes occupent le milieu des continents ; que les autres occupent le milieu des îles, des presqu’îles et des terres avancées dans la mer ; que, dans l’ancien continent, les plus grandes chaînes de montagnes sont dirigées d’occident en orient, et que celles qui tournent vers le nord ou vers le sud ne sont que des branches de ces chaînes principales ; on verra de même que les plus grands fleuves sont dirigés comme les plus grandes montagnes, et qu’il y en a peu qui suivent la direction des branches de ces montagnes : pour s’en assurer et le voir en détail, il n’y a qu’à jeter les yeux sur un globe, et parcourir l’ancien continent depuis l’Espagne jusqu’à la Chine ; on trouvera qu’à commencer par l’Espagne, le Vigo, le Douro, le Tage et le Guadiana vont d’orient en occident, et l’Èbre d’occident en orient, et qu’il n’y a pas une rivière remarquable dont le cours soit dirigé du sud au nord, ou du nord au sud, quoique l’Espagne soit environnée de la mer en entier du côté du midi, et presque en entier du côté du nord. Cette observation, sur la direction des fleuves en Espagne, prouve non seulement que les montagnes de ce pays sont dirigées d’occident en orient, mais encore que le terrain méridional et qui avoisine le détroit, et celui du détroit même, est une terre plus élevée que les côtes de Portugal ; et de même, du côté du nord, que les montagnes de Galice, des Asturies, etc., ne sont qu’une continuation des Pyrénées, et que c’est cette élévation des terres, tant au nord qu’au sud, qui ne permet pas aux fleuves d’arriver par là jusqu’à la mer.

On verra aussi, en jetant les yeux sur la carte de la France, qu’il n’y a que le Rhône qui soit dirigé du nord au midi, et encore dans près de la moitié de son cours, depuis les montagnes jusqu’à Lyon, est-il dirigé de l’orient vers l’occident ; mais qu’au contraire tous les autres grands fleuves, comme la Loire, la Charente, la Garonne et même la Seine, ont leur direction d’orient en occident.

On verra de même qu’en Allemagne il n’y a que le Rhin qui, comme le Rhône, a la plus grande partie de son cours du midi au nord, mais que les autres grands fleuves, comme le Danube, la Drave et toutes les grandes rivières qui tombent dans ces fleuves vont d’occident en orient se rendre dans la mer Noire.

On reconnaîtra que cette mer Noire, que l’on doit plutôt considérer comme un grand