Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 2.pdf/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dès lors on voit que la chaleur propre de ce satellite a été au-dessous de celle que lui envoyait Saturne dès l’année 631 de la formation des planètes ; et que Saturne ayant envoyé à ce satellite une chaleur 53 801 fois plus grande que celle du soleil, il lui envoyait encore à la fin de la première période de 7 083 ans 2/3, une chaleur 50 854 9/25 fois plus grande que celle du soleil, parce que la chaleur propre de Saturne n’avait diminué que de 25 à 23 41/65 environ. Et au bout d’une seconde période de 7,083 ans 2, après la déperdition de la chaleur propre de ce satellite, jusqu’au point extrême de 1/25 de la chaleur actuelle de la terre, Saturne envoyait encore à ce satellite une chaleur 47 907 19/23 fois plus grande que celle du soleil, parce que la chaleur propre de Saturne n’avait encore diminué que de 23 41/65 à 22 17/65.

En suivant la même marche, on voit que la chaleur de Saturne qui d’abord était 25, et qui décroît constamment de 1 24/65 par chaque période de 7 083 ans 2/3, diminue par conséquent sur ce satellite de 2 946 3/5 pendant chacune de ces périodes, en sorte qu’après 15 3/4 périodes environ, cette chaleur envoyée par Saturne à son troisième satellite, sera encore 4 500 fois plus grande que la chaleur qu’il reçoit du soleil.

Mais comme cette chaleur du soleil sur Saturne et sur ses satellites est à celle du soleil sur la terre  : : 1 : 90 à très peu près, et que la chaleur de la terre est 50 fois plus grande que celle qu’elle reçoit du soleil, il s’ensuit qu’il faut diviser par 90 cette quantité de chaleur 4 500 pour avoir une chaleur égale à celle que le soleil envoie sur la terre ; et cette dernière chaleur étant 1/50 de la chaleur actuelle du globe terrestre, il est évident qu’au bout de 15 3/4 périodes de 7 083 ans 2/3, c’est-à-dire au bout de 111 567 ans, la chaleur que Saturne enverra encore à ce satellite, sera égale à la chaleur actuelle de la terre, et que ce satellite n’ayant plus aucune chaleur propre depuis très longtemps, ne laissera pas de jouir alors d’une température égale à celle dont jouit aujourd’hui la terre.

Et comme cette chaleur envoyée par Saturne a très considérablement prolongé le refroidissement de ce satellite au point de la température actuelle de la terre, il le prolongera de même pendant 15 3/4 autres périodes, pour arriver au point extrême de 1/25 de la chaleur actuelle du globe de la terre ; en sorte que ce ne sera que dans l’année 223 134 de la formation des planètes que ce troisième satellite de Saturne sera refroidi à 1/25 de la température actuelle de la terre.

Il en est de même de l’estimation de la chaleur du soleil, relativement à la compensation qu’elle a faite à la diminution de la température du satellite dans les différents temps. Il est certain qu’à ne considérer que la déperdition de la chaleur propre du satellite, cette chaleur du soleil n’aurait fait compensation dans le temps de l’incandescence que de 4/361/1250, et qu’à la fin de la première période qui est de 7 083 ans 2/3, cette même chaleur du soleil aurait fait une compensation de 4/361/50 ; et que dès lors le prolongement du refroidissement, par l’accession de cette chaleur du soleil, aurait en effet été de 296 jours. Mais la chaleur envoyée par Saturne dans le temps de l’incandescence étant à la chaleur propre du satellite : : 596 48/361 : 1 250, il s’ensuit que la compensation faite par la chaleur du soleil doit être diminuée dans la même raison ; en sorte qu’au lieu d’être 4/361/1250, elle n’a été que 4/361/1846 48/361 au commencement de cette période, et que cette compensation qui aurait été 4/361/50 à la fin de cette période, si l’on ne considérait que la déperdition de la chaleur propre du satellite, doit être diminuée dans la raison de 563 1/2 à 50, parce que la chaleur envoyée par Saturne était encore plus grande que la chaleur propre de ce satellite dans cette même raison. Dès lors la compensation à la fin de cette première période, au lieu d’être 4/361/50, n’a été que 4/361/613 1/2.