Santa-Crux[1]. Celles de la Trinité ont été fouillées jusqu’à huit cents pieds de profondeur : les gens du pays assurèrent à ce voyageur qu’en dix ou onze années, depuis 1687 jusqu’en 1697, on en avait tiré quarante millions de marcs d’argent. Il cite aussi la mine de Saint-Matthieu, qui n’est qu’à peu de distance de la Trinité, et qui, n’ayant été ouverte qu’en 1689, était fouillée à quinze cents pieds en 1697 : il dit que les pierres métalliques en sont de la plus grande dureté, qu’il faut d’abord les pétarder et les briser à coups de marteau ; que l’on distingue et sépare les morceaux qu’on peut faire fondre tout de suite de ceux qu’on doit auparavant amalgamer avec le mercure. On broie ces pierres métalliques propres à la fonte dans un mortier de fer, et, après avoir séparé par des lavages la poudre de pierre autant qu’il est possible, on mêle le minerai avec une certaine quantité de plomb, et on les fait fondre ensemble ; on enlève les scories avec un croc de fer, tandis que par le bas on laisse couler l’argent en lingots, que l’on porte dans un autre fourneau pour le refondre et achever d’en séparer le plomb. Chaque lingot d’argent est d’environ quatre-vingts ou cent marcs, et, s’ils ne se trouvent pas au titre prescrit, on les fait refondre une seconde fois avec le plomb pour les affiner. On fait aussi l’essai de la quantité d’or que chaque lingot d’argent peut contenir, et on l’indique par une marque particulière ; s’il s’y trouve plus de quarante grains d’or par marc d’argent, on en fait le départ. Et, pour les autres parties du minerai que l’on veut traiter par l’amalgame, après les avoir réduites en poudre très fine, on y mêle le mercure et l’on procède comme nous l’avons dit en parlant du traitement des mines de Potosi ; le mercure qu’on y emploie vient d’Espagne ou du Pérou, il en faut un quintal pour séparer mille marcs d’argent. Tout le produit des mines du Mexique et de la Nouvelle-Espagne doit être porté à Mexico, et l’on assure qu’à la fin du dernier siècle ce produit était de deux millions de marcs par an, sans compter ce qui passait par des voies indirectes[2].
- ↑ En Amérique, les mines d’argent se trouvent communément dans les montagnes et rochers très hauts et déserts… Il y a des mines de deux sortes différentes, les unes qu’ils appellent égarées, et les autres fixes et arrêtées. Les égarées sont des morceaux de métal qui se trouvent amassés en quelques endroits, lesquels étant tirés et enlevés, il ne s’en trouve pas davantage ; mais les veines fixes sont celles qui, en profondeur et longueur, ont une suite continue en façon de grandes branches et rameaux, et quand on en a trouvé de cette espèce, on en trouve ordinairement plusieurs autres au même lieu… Les Américains savaient fondre l’argent, mais ils n’ont jamais employé le mercure pour le séparer du minerai. Histoire naturelle des Indes, par Acosta ; Paris, 1600, p. 137.
- ↑ Histoire générale des Voyages, t. XI, p. 530 et suiv. — Les cantons de Tlasco et de Maltepèque, à l’ouest du Mexique, sont aussi fort célèbres par leurs mines d’argent ; Guaximango, du côté du nord, ne l’est pas moins par les siennes, avec onze autres dans ce même canton ; et dans la province de Guaxaga il y en a un aussi grand nombre. Les mines de Guanaxati et de Talpuyaga sont deux autres mines célèbres ; la première est à vingt-huit lieues de Valladolid au nord, et l’autre à vingt-quatre lieues de Mexico. Une montagne fort haute et inaccessible aux voitures, et même aux bêtes de charge, qui est placée dans la province de Guadalajara, vers les Zacatèques, renferme quantité de mines d’argent et de cuivre mêlées de plomb. La province de Xalisco, conquise en 1554, est une des plus riches de la Nouvelle-Espagne par ses mines d’argent, autour desquelles il s’est formé des habitations
vena est, non procul invenitur alia. » Lib. xxx, cap. xxvii. — « La sublimation ou la chute des vapeurs métalliques, une fois déterminée vers les grands sommets vitreux, dut remplir à la fois les différentes fentes perpendiculaires ouvertes dès lors dans ces masses primitives ; et c’est dans un sens relatif à cette production ou précipitation simultanée que le même naturaliste interprète le nom latin, originairement grec, des métaux (Μετ’αλλα, quasi μέτ’αλλων) ; comme pour désigner des matières ramassées et rassemblées aux mêmes lieux, ou des substances produites en même temps et disposées ensemble. » Note communiquée par M. l’abbé Bexon.