Il y a aussi plusieurs mines d’argent au Chili, surtout dans le voisinage de Coquimbo[1] et au Brésil, à quelque distance dans les terres voisines de la baie de Tous-les-Saints[2] ; l’on en trouve encore dans plusieurs autres endroits du continent de l’Amérique, et même dans les îles : les anciens voyageurs citent en particulier celle de Saint-Domingue[3], mais la culture et le produit du sucre et des autres denrées de consommation que l’on tire de cette île sont des trésors bien plus réels que ceux de ses mines.
Après avoir ci-devant exposé les principales propriétés de l’argent et avoir ensuite parcouru les différentes contrées où ce métal se trouve en plus grande quantité, il ne nous reste plus qu’à faire mention des principaux faits et des observations particulières que les physiciens et les chimistes ont recueillis en travaillant l’argent et en le soumettant à un nombre infini d’épreuves : je commencerai par un fait que j’ai reconnu le premier. On était dans l’opinion que ni l’or ni l’argent, mis au feu et même tenus en fusion ne perdaient rien de leur substance ; cependant il est certain que tous deux se réduisent en vapeurs et se subliment au feu du soleil à un degré de chaleur même assez faible. Je l’ai observé, lorsqu’en 1747 j’ai fait usage du miroir que j’avais inventé pour brûler à de grandes distances[4] : j’exposai à 40, 50 et jusqu’à 60 pieds de distance des plaques et des assiettes d’argent ; je les ai vues fumer longtemps avant de se fondre, et cette fumée était assez épaisse pour faire une ombre très sensible qui se marquait sur le terrain. On s’est depuis pleinement convaincu que cette fumée était vraiment une vapeur métallique ; elle s’attachait aux corps qu’on lui présentait et en argentait la surface ; et, puisque cette sublimation se fait à une chaleur médiocre par le feu du soleil, il y a toute raison de croire qu’elle se fait aussi et en bien plus grande quantité par la forte chaleur du feu de nos fourneaux, lorsque non seulement on y fond ce métal, mais qu’on le tient en fusion pendant un mois, comme l’a fait Kunckel. J’ai déjà dit que je doutais beaucoup de l’exactitude de son expérience, et je suis persuadé que l’argent perd par le feu une quantité sensible de sa substance, et qu’il en perd d’autant plus que le feu est plus violent et appliqué plus longtemps.
L’argent offre dans ses dissolutions différents phénomènes dont il est bon de faire ici mention : lorsqu’il est dissous par l’acide nitreux, on observe que, si l’argent est à peu près pur, la couleur de cette dissolution, qui d’abord est un peu verdâtre, devient ensuite très blanche, et que, quand il est mêlé d’une petite quantité de cuivre, elle est constamment verte.
Les dissolutions des métaux sont en général plus corrosives que l’acide même dans lequel ils ont été dissous ; mais celle de l’argent par l’acide nitreux l’est au plus haut degré, car elle produit des cristaux si caustiques qu’on a donné à leur masse réunie par la fusion le nom de pierre infernale. Pour obtenir ces cristaux, il faut que l’argent et l’acide nitreux aient été employés purs : ces cristaux se forment dans la dissolution par
- ↑ Idem, t. XIII, p. 412.
- ↑ Voyages de M. de Gennes ; Paris, 1698, p. 145.
- ↑ Histoire générale des Voyages, t. XII, p. 218.
- ↑ Mémoires de l’Académie des sciences, année 1747.
nombreuses, avec des fonderies, des moulins, etc… Celle de Calnacana contient aussi des mines d’argent. Les Zacatèques ou Zacutecas sont un grand nombre de cantons qui forment, sous ce nom commun, la plus riche province de la Nouvelle-Espagne ; on y compte douze ou quinze mines d’argent, dont neuf ou dix sont fort célèbres, surtout celle del Fresnillo, qui paraît inépuisable. La province de la Nouvelle-Biscaye contient les mines d’Eude, de Saint-Jeanet et de Sainte-Barbe, qui sont d’une grande abondance et voisines de plusieurs mines de plomb. Les montagnes qui séparent le Honduras de la province de Nicaragua ont fourni beaucoup d’or et d’argent aux Espagnols. La province de Costa-Ricca fournit aussi de l’or et de l’argent. Idem, t. XII, p. 648 et suiv.