Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/153

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moins aussi variable que la durée. M. Graham, en Angleterre[1], et M. Cotte, à Paris[2], ont donné dans leurs tables d’observation toutes les alternatives, toutes les vicissitudes de ce mouvement de trépidation chaque mois, chaque jour et chaque heure. Mais nous devons remarquer que les résultats de ces observations doivent être modifiés. Ces physiciens ne se sont servis que de boussoles dans lesquelles l’aiguille portait sur un pivot dont le frottement influait plus que toute autre cause sur la variation ; car M. Coulomb, capitaine au corps royal du génie, de l’Académie des sciences, ayant imaginé une suspension dans laquelle l’aiguille est sans frottement, M. le comte de Cassini, de l’Académie des sciences, et arrière-petit-fils du grand astronome Cassini, a reconnu, par une suite d’expériences, que cette variation diurne ne s’étendait tout au plus qu’à 15 ou 16 minutes, et souvent beaucoup moins[3], tandis qu’avec les boussoles à pivot cette variation

  1. Transactions philosophiques, no 383, année 1724, p. 96.
  2. Voyez la Connaissance des temps, publiée par ordre de l’Académie des sciences, depuis l’année 1770.
  3. « La méthode de M. Coulomb consiste, dit M. de Cassini, à suspendre à un fil de soie, de quinze à vingt pouces de longueur, une aiguille aimantée entre les jambes d’un étrier, au haut duquel le fil est accroché. L’étrier, le fil et l’aiguille sont renfermés dans une boîte dont toutes les parois sont hermétiquement bouchées, et qui n’a qu’une ouverture fermée d’une glace au-dessus de l’extrémité de l’aiguille, afin de pouvoir observer ses mouvements, et les mesurer par le moyen d’un micromètre extérieur placé à cette extrémité.

    » Cette suspension a, comme l’on voit, de grands avantages sur celles des pivots, dans laquelle le frottement seul est capable d’anéantir l’effet de la variation diurne. Depuis le 10 août 1780, jusqu’au 18 du même mois, le plus grand écart de l’aiguille a eu lieu communément du côté de l’ouest, vers une heure après midi ; l’aiguille se rapprochait du nord vers le soir, restait à peu près fixe la nuit, et recommençait le lendemain matin à s’éloigner vers l’ouest ; la variation diurne moyenne a été de 14 minutes environ… Depuis le 3 décembre jusqu’au 31 janvier 1781, le grand écart de l’aiguille a presque toujours eu lieu entre deux et trois heures après midi, l’aiguille s’avançant depuis le lever du soleil, jusqu’à deux ou trois heures, du nord vers l’ouest ; et rétrogradant ensuite dans l’après-midi pour revenir vers dix heures du soir, à peu près au même point que le matin. La nuit, l’aiguille était assez constamment stationnaire ; la variation moyenne n’a été, dans tout ce temps, que de cinq à six minutes… Depuis le 20 septembre 1781 jusqu’au 29, la variation diurne moyenne a été entre 13 et 18 minutes. Depuis le 19 mars 1782 jusqu’au 3 avril, et depuis le 30 avril jusqu’au 11 mai, le plus grand écart de l’aiguille a eu lieu assez constamment vers deux heures après midi, du côté de l’ouest. J’ai aussi remarqué le plus communément la loi de progression vers l’ouest, du matin vers deux heures après midi ; de rétrogradation vers l’est, depuis deux heures jusqu’au soir, et de station pendant la nuit. Depuis le 14 juin jusqu’au 25 juillet, avec la même aiguille fortement aimantée et dans les appartements supérieurs de l’Observatoire, la loi générale de la marche de l’aiguille du nord à l’ouest, depuis huit heures du matin jusqu’à midi, de la rétrogradation dans l’après-midi, et de la station pendant la nuit, a eu lieu, excepté le 17 juin, où l’aiguille a été fixe depuis dix heures et demie du matin, jusqu’au lendemain à onze heures du matin ; même fixité le 21, depuis huit heures du matin jusqu’à cinq heures après midi ; le 25, depuis dix heures du soir jusqu’au lendemain 26 à trois heures après midi ; les 12, 21 et 23 juillet, toute la journée. Les circonstances qui accompagnent cette inaction de l’aiguille sont une grande chaleur, et un très beau temps ; la variation diurne dans ces deux mois a été fort inégale ; nulle dans les temps très chauds ; le plus communément de cinq à six minutes dans d’autres jours ; elle n’a été de douze et de quatorze que le 14 et le 15 juin.

    » Tandis que M. Coulomb s’occupait des moyens de donner à l’aiguille la plus grande force magnétique possible, je m’appliquais de mon côté à perfectionner leur monture leur enveloppe et leur établissement. Jusqu’alors, l’étrier qui portait le fil de suspension