Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/154

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diurne est quelquefois de plus d’un degré et demi ; mais comme, jusqu’à présent, les navigateurs ne se sont servis que de boussoles à pivot, on ne peut compter qu’à 1 degré et demi et même à 2 degrés près sur la certitude de leurs observations.

    n’était fixé que par une forte semelle, d’un bois à la vérité très sec et très épais. La boîte de bois qui servait d’enveloppe et le micromètre étaient également assis sur cette même base, dont le moindre jeu devait communiquer du mouvement à tout l’équipage. Je fis faire en plomb la boîte ou cage qui devait renfermer l’aiguille : au lieu d’étrier, je fis visser et cramponner dans le haut de la boîte, contre ses parois, une traverse de cuivre portant une longue vis, garnie d’un crochet, pour tenir le fil de suspension. Cette forte et solide boîte de plomb fut ensuite incrustée de deux pouces dans un dé de pierre dure, haut de dix pouces sur seize de longueur et huis d’épaisseur ; et c’est sur ce dé que je fixai à demeure le micromètre entièrement isolé de la boîte ; c’est ainsi qu’avec l’équipage le plus simple et le plus solide j’espérai mettre, autant que possible, mes aiguilles à l’abri des courants d’air et des mouvements étrangers ; en effet, je n’avais plus à craindre l’effet de l’humidité des temps et des lieux. L’air ne pouvait guère pénétrer dans une boîte de plomb qui n’avait qu’une porte dont les parois étaient bouchées et collées avec soin ; enfin, le micromètre portant sur un massif dé de pierre, ne pouvait plus communiquer de mouvements à l’aiguille ; c’est avec ce nouvel appareil que je fis les observations suivantes :

    » Depuis le 14 février jusqu’au 24 du même mois, avec une aiguille de lame de ressort fortement aimantée, renfermée dans une boîte de plomb fixée sur un dé de pierre, longueur totale de l’aiguille un pied ; du point de suspension à l’extrémité boréale, neuf pouces une ligne ; le plus grand écart de l’aiguille vers l’ouest a eu lieu entre midi et une heure : presque toutes les matinées, la progression de l’aiguille a été très régulière et de onze minutes ; mais dans les soirées, l’aiguille éprouvait de fréquentes irrégularités. Depuis le 16 après midi, jusqu’au 18 au matin, il n’a pas été possible d’observer, l’aiguille étant dans une continuelle agitation ; il a régné, pendant ce temps, un vent très fort de nord et de nord-est ; les jours où la marche de l’aiguille a été régulière, la variation diurne a été d’environ douze minutes… M. Coulomb a reconnu que l’acier fondu était la matière qui se chargeait le plus de la vertu magnétique, et par conséquent la plus propre à faire des aiguilles très fortement aimantées. À la fin d’avril 1783, il me rendit deux de ces nouvelles aiguilles que je plaçai dans deux boîtes de plomb, telles que je les ai décrites ci-dessus, établies dans deux cabinets différents ; ce qui me procura une nouvelle suite d’observations dont je vais rendre compte… Depuis le1er mai jusqu’au 6 juillet, avec deux aiguilles d’acier fondu placées sur champ, aimantées le plus fortement possible, longueur totale de chaque aiguille, un pied une ligne, poids de l’aiguille, avec son contrepoids et l’anneau de suspension à l’extrémité boréale de l’aiguille, neuf pouces une ligne ; l’accord le plus parfait s’est remarqué pendant ces deux mois d’expériences et de comparaison des deux aiguilles, qui se sont trouvées stationnaires, oscillantes et écartées dans les mêmes circonstances, dans les mêmes intervalles de temps, de la même quantité, et dans le même sens. Les exceptions à cette règle ont été si rares, et les différences si petites, que j’ai cru devoir l’attribuer à l’erreur des observations. Le plus grand des écarts de nos aiguilles vers l’est a eu lieu dans le mois de mai, vers l’heure de midi ; dans le mois de juin, entre deux et trois heures, le vent de nord-est et d’est m’a semblé plus d’une fois accompagner ces irrégularités. J’ai remarqué quelquefois qu’un changement subit du beau au mauvais temps ou du mauvais au beau changeait aussi la direction ordinaire de l’aiguille pour quelques jours, et qu’ensuite semblable changement la ramenait à son premier état.

    » La quantité de la variation diurne n’est pas la même dans toutes les saisons : il paraît qu’on peut fixer la plus grande à quatorze minutes, et la plus petite à cinq minutes. C’est en hiver que la variation diurne paraît être la plus petite, et j’ai remarqué qu’en été, lorsque la chaleur est considérable, la variation est nulle. » (Extrait du Mémoire de M. de Cassini, adressé aux auteurs du Journal de physique.)