Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/103

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de la grenouille femelle. Au reste, ceux qu’il trouva dans les testicules de la grenouille n’étaient pas vivants, mais seulement ceux qui étaient dans la liqueur séminale en grand volume, où ils prenaient peu à peu la vie et le mouvement.

Dans la semence de l’homme et dans celle du chien, il prétend avoir vu des animaux de deux espèces, qu’il regarde, les uns comme mâles et les autres comme femelles, et ayant enfermé dans un petit verre de la semence de chien, il dit que le premier jour il mourut un grand nombre de ces petits animaux, que le second et le troisième jour il en mourut encore plus, qu’il en restait fort peu de vivants le quatrième jour, mais qu’ayant répété cette observation une seconde fois sur la semence du même chien, il y trouva encore au bout de sept jours des animalcules vivants, dont quelques-uns nageaient avec autant de vitesse qu’ils nagent ordinairement dans la semence nouvellement extraite de l’animal, et qu’ayant ouvert une chienne qui avait été couverte trois fois par le même chien quelque temps avant l’observation, il ne put apercevoir avec les yeux seuls, dans l’une des cornes de la matrice, aucune liqueur séminale du mâle, mais qu’au moyen du microscope il y trouva les animaux spermatiques du chien, qu’il les trouva aussi dans l’autre corne de la matrice, et qu’ils étaient en très grande quantité dans cette partie de la matrice qui est voisine du vagin, ce qui, dit-il, prouve évidemment que la liqueur séminale du mâle était entrée dans la matrice, ou du moins que les animaux spermatiques du chien y étaient arrivés par leur mouvement, qui peut leur faire parcourir quatre ou cinq pouces de chemin en une demi-heure. Dans la matrice d’une femelle de lapin qui venait de recevoir le mâle, il observa aussi une quantité infinie de ces animaux spermatiques du mâle ; il dit que le corps de ces animaux est rond, qu’ils ont de longues queues et qu’ils changent souvent de figure, surtout lorsque la matière humide, dans laquelle ils nagent, s’évapore et se dessèche.

Ceux qui prirent la peine de répéter les observations de Leeuwenhoek les trouvèrent assez conformes à la vérité ; mais il y en eut qui voulurent encore enchérir sur ses découvertes, et Dalenpatius ayant observé la liqueur séminale de l’homme prétendit non seulement y avoir trouvé des animaux semblables aux têtards qui doivent devenir des grenouilles, dont le corps lui parut à peu près gros comme un grain de froment, dont la queue était quatre ou cinq fois plus longue que le corps, qui se mouvaient avec une grande agilité et frappaient avec la queue la liqueur dans laquelle ils nageaient ; mais, chose plus merveilleuse, il vit un de ces animaux se développer ou plutôt quitter son enveloppe ; ce n’était plus un animal, c’était un corps humain dont il distingua très bien, dit-il, les deux jambes, les deux bras, la poitrine et la tête, à laquelle l’enveloppe servait de capuchon. (Voyez Nouvelles de la Répub. des lettres, année 1699, page 552.) Mais, par les figures mêmes que cet auteur a données de ce prétendu embryon qu’il a vu sortir