Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/116

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Dans des matières aussi délicates, où il est si aisé de se tromper, on est fort heureux de trouver quelqu’un qui veuille bien non seulement vous juger, mais encore vous aider. M. Needham, M. Dalibard et M. Gueneau ont vu une partie des choses que je vais rapporter, et M. Daubenton les a toutes vues aussi bien que moi.

Les personnes qui ne sont pas fort habituées à se servir du microscope trouveront bon que je mette ici quelques remarques qui leur seront utiles lorsqu’elles voudront répéter ces expériences ou en faire de nouvelles. On doit préférer les microscopes doubles dans lesquels on regarde les objets du haut en bas aux microscopes simples et doubles dans lesquels on regarde l’objet contre le jour et horizontalement ; ces microscopes doubles ont un miroir plan ou concave qui éclaire les objets par-dessous : on doit se servir par préférence du miroir concave, lorsqu’on observe avec la plus forte lentille. Leeuwenhoek, qui sans contredit a été le plus grand et le plus infatigable de tous les observateurs au microscope, ne s’est cependant servi, à ce qu’il paraît, que de microscopes simples, avec lesquels il regardait les objets contre le jour ou contre la lumière d’une chandelle ; si cela est, comme l’estampe qui est à la tête de son livre paraît l’indiquer, il a fallu une assiduité et une patience inconcevables pour se tromper aussi peu qu’il l’a fait sur la quantité presque infinie de choses qu’il a observées d’une manière si désavantageuse. Il a légué à la Société de Londres tous ses microscopes ; M. Needham m’a assuré que le meilleur ne fait pas autant d’effet que la plus forte lentille de celui dont je me suis servi, et avec laquelle j’ai fait toutes mes observations. Si cela est, il est nécessaire de faire remarquer que la plupart des gravures que Leeuwenhoek a données des objets microscopiques, surtout celles des animaux spermatiques, les représentent beaucoup plus gros et plus longs qu’il ne les a vus réellement, ce qui doit induire en erreur ; et que ces prétendus animaux de l’homme, du chien, du lapin, du coq, etc., qu’on trouve gravés dans les Transactions philosophiques, no 141, et dans Leeuwenhoek, t. I, p. 161, et qui ont ensuite été copiés par Valisnieri, par M. Baker, etc., paraissent au microscope beaucoup plus petits qu’ils ne le sont dans les gravures qui les représentent. Ce qui rend les microscopes dont nous parlons préférables à ceux avec lesquels on est obligé de regarder les objets contre le jour, c’est qu’ils sont plus stables que ceux-ci, le mouvement de la main avec laquelle on tient le microscope produisant un petit tremblement qui fait que l’objet paraît vacillant et ne présente jamais qu’un instant la même partie. Outre cela, il y a toujours dans les liqueurs un mouvement causé par l’agitation de l’air extérieur, soit qu’on les observe à l’un ou à l’autre de ces microscopes, à moins qu’on ne mette la liqueur entre deux plaques de verre ou de talc très minces, ce qui ne laisse pas de diminuer un peu la transparence, et d’allonger beaucoup le travail manuel de l’observation ; mais le microscope qu’on tient horizontalement, et dont les porte-