Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/123

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mouvements en avant, en arrière et en tout sens. Ceux qui ont encore des queues, ou plutôt qui traînent encore leur filet, paraissent être beaucoup plus vifs que les autres ; et parmi ces derniers, qui n’ont plus de filet, il y en a qui paraissent changer de figure et de grandeur ; les uns sont ronds, la plupart ovales, quelques autres ont les deux extrémités plus grosses que le milieu, et on remarque encore à tous un mouvement de balancement et de roulis.

V

Au bout de douze heures la liqueur avait déposé au bas, dans le cristal de montre, une espèce de matière gélatineuse blanchâtre, ou plutôt couleur de cendre, qui avait de la consistance, et la liqueur qui surnageait était presque aussi claire que de l’eau ; seulement elle avait une teinte bleuâtre, et ressemblait très bien à de l’eau claire dans laquelle on aurait mêlé un peu de savon ; cependant elle conservait toujours de la viscosité, et elle filait lorsqu’on en prenait une goutte et qu’on la voulait détacher du reste de la liqueur ; les petits corps mouvants sont alors dans une grande activité, ils sont tous débarrassés de leur filet, la plupart sont ovales, il y en a de ronds, ils se meuvent en tous sens, et plusieurs tournent sur leur centre. J’en ai vu changer de figure sous mes yeux, et d’ovales devenir globuleux ; j’en ai vu se diviser, se partager, et d’un seul ovale ou d’un globule en former deux ; ils avaient d’autant plus d’activité et de mouvement qu’ils étaient plus petits.

VI

Vingt-quatre heures après, la liqueur séminale avait encore déposé une plus grande quantité de matière gélatineuse ; je voulus délayer cette matière avec de l’eau pour l’observer, mais elle ne se mêla pas aisément, et il faut un temps considérable pour qu’elle se ramollisse et se divise dans l’eau. Les petites parties que j’en séparai paraissaient opaques et composées d’une infinité de tuyaux, qui formaient une espèce de lacis où l’on ne remarquait aucune disposition régulière et pas le moindre mouvement ; mais il y en avait encore dans la liqueur claire, on y voyait quelques corps en mouvement ; ils étaient, à la vérité, en moindre quantité ; le lendemain il y en avait encore quelques-uns, mais après cela je ne vis plus dans cette liqueur que des globules sans aucune apparence de mouvement.

Je puis assurer que chacune de ces observations a été répétée un très grand nombre de fois et suivie avec toute l’exactitude possible, et je suis persuadé que ces filets, que ces corps en mouvement traînent après eux ne sont pas une queue ou un membre qui leur appartienne et qui fasse partie