Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/122

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celui d’un pendule ; ils tirent après eux un long filet ; on voit clairement qu’ils font effort pour s’en débarrasser ; leur mouvement de progression en avant est fort lent, ils font des oscillations à droite et à gauche : le mouvement d’un bateau, retenu sur une rivière rapide par un câble attaché à un point fixe, représente assez bien le mouvement de ces petits corps, à l’exception que les oscillations du bateau se font toujours dans le même endroit, au lieu que les petits corps avancent peu à peu au moyen de ces oscillations, mais ils ne se tiennent pas toujours sur le même plan, ou, pour parler plus clairement, ils n’ont pas, comme un bateau, une base large et plate qui fait que les mêmes parties sont toujours à peu près dans le même plan ; on les voit au contraire, à chaque oscillation, prendre un mouvement de roulis très considérable, en sorte qu’outre leur mouvement d’oscillation horizontale, qui est bien marqué, ils en ont un de balancement vertical, ou de roulis, qui est aussi très sensible : ce qui prouve que ces petits corps sont de figure globuleuse, ou du moins que leur inférieure n’a pas une base plate assez étendue pour les maintenir dans la même position.

III

Au bout de deux ou trois heures, lorsque la liqueur est devenue plus fluide, on voit une plus grande quantité de ces petits corps qui se meuvent ; ils paraissent être plus libres, les filets qu’ils traînent après eux sont devenus plus courts qu’ils ne l’étaient auparavant ; aussi leur mouvement progressif commence-t-il à être plus direct, et leur mouvement d’oscillation horizontale est fort diminué ; car plus les filets qu’ils traînent sont longs, plus grand est l’angle de leur oscillation, c’est-à-dire qu’ils font d’autant plus de chemin de droite à gauche, et d’autant moins de chemin en avant, que les filets qui les retiennent et qui les empêchent d’avancer sont plus longs, et à mesure que ces filets diminuent de longueur, le mouvement d’oscillation diminue et le mouvement progressif augmente ; celui du balancement vertical subsiste et se reconnaît toujours, tant que celui de progression ne se fait pas avec une grande vitesse : or jusqu’ici, pour l’ordinaire, ce mouvement de progression est encore assez lent, et celui de balancement est fort sensible.

IV

Dans l’espace de cinq ou six heures la liqueur acquiert presque toute la fluidité qu’elle peut avoir sans se décomposer. On voit alors la plupart de ces petits corps mouvants entièrement dégagés du filet qu’ils traînaient ; ils sont de figure ovale et se meuvent progressivement avec une assez grande vitesse ; ils ressemblent alors plus que jamais à des animaux qui ont des