Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/130

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je fis ouvrir en avait en grande abondance ; c’était un gros lapin blanc qui paraissait fort vigoureux ; je lui trouvai dans les vésicules séminales autant de liqueur congelée qu’il en pouvait tenir dans une petite cuiller à café ; cette matière ressemblait à de la gelée de viande, elle était d’un jaune citron et presque transparente ; l’ayant examinée au microscope, je vis cette matière épaisse se résoudre lentement et par degrés en filaments et en gros globules dont plusieurs paraissaient attachés les uns aux autres comme des grains de chapelet, mais je ne leur remarquai aucun mouvement bien distinct ; seulement comme la matière se liquéfiait elle formait une espèce de courant par lequel ces globules et ces filaments paraissaient tous être entraînés du même côté : je m’attendais à voir prendre à cette matière un plus grand degré de fluidité, mais cela n’arriva pas ; après qu’elle se fut un peu liquéfiée, elle se dessécha, et je ne pus jamais voir autre chose que ce que je viens de dire, en observant cette matière sans addition ; je la mêlai donc avec de l’eau, mais ce fut encore sans succès d’abord, car l’eau ne la pénétrait pas tout de suite et semblait ne pouvoir la délayer.

XVIII

Ayant fait ouvrir un autre lapin, je n’y trouvai qu’une très petite quantité de matière séminale, qui était d’une couleur et d’une consistance différentes de celle dont je viens de parler ; elle était à peine colorée de jaune, et plus fluide que celle-là ; comme il n’y en avait que très peu, et que je craignais qu’elle ne se desséchât trop promptement, je fus forcé de la mêler avec de l’eau ; dès la première observation, je ne vis pas les filaments ni les chapelets que j’avais vus dans l’autre, mais je reconnus sur-le-champ les gros globules, et je vis de plus qu’ils avaient tous un mouvement de tremblement et comme d’inquiétude ; ils avaient aussi un mouvement de progression, mais fort lent ; quelques-uns tournaient aussi autour de quelques autres, et la plupart paraissaient tourner sur leur centre. Je ne pus pas suivre cette observation plus loin, parce que je n’avais pas une assez grande quantité de cette liqueur séminale, qui se dessécha promptement.

XIX

Ayant fait chercher dans un autre lapin, on n’y trouva rien du tout, quoiqu’il eût été depuis quelques jours aussi voisin de sa femelle que les autres ; mais dans les vésicules séminales d’un autre on trouva presque autant de liqueur congelée que dans celui de l’observation xvii. Cette liqueur congelée, que j’examinai d’abord de la même façon, ne me découvrit rien de plus, en sorte que je pris le parti de mettre infuser toute la quantité que j’en avais pu rassembler dans une quantité presque double d’eau pure, et, après avoir