Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/131

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secoué violemment et souvent la petite bouteille où ce mélange était contenu, je le laissai reposer pendant dix minutes ; après quoi j’observai cette infusion en prenant toujours à la surface de la liqueur les gouttes que je voulais examiner : j’y vis les mêmes gros globules dont j’ai parlé, mais en petit nombre et entièrement détachés et séparés, et même fort éloignés les uns des autres ; ils avaient différents mouvements d’approximation les uns à l’égard des autres, mais ces mouvements étaient si lents qu’à peine étaient-ils sensibles. Deux ou trois heures après il me parut que ces globules avaient diminué de volume et que leur mouvement était devenu plus sensible ; ils paraissaient tous tourner sur leurs centres, et quoique leur mouvement de tremblement fût bien plus marqué que celui de progression, cependant on apercevait clairement qu’ils changeaient tous de place irrégulièrement les uns par rapport aux autres ; il y en avait même quelques-uns qui tournaient lentement autour des autres. Six ou sept heures après, les globules étaient encore devenus plus petits et leur action était augmentée ; ils me parurent être en beaucoup plus grand nombre, et tous leurs mouvements étaient sensibles. Le lendemain il y avait dans cette liqueur une multitude prodigieuse de globules en mouvement, et ils étaient au moins trois fois plus petits qu’ils ne m’avaient paru d’abord. J’observai ces globules tous les jours plusieurs fois pendant huit jours ; il me parut qu’il y en avait plusieurs qui se joignaient et dont le mouvement finissait après cette union, qui cependant ne paraissait être qu’une union superficielle et accidentelle. Il y en avait de plus gros, de plus petits ; la plupart étaient ronds et sphériques, les autres étaient ovales, d’autres étaient longuets ; les plus gros étaient les plus transparents, les plus petits étaient presque noirs ; cette différence ne provenait pas des accidents de la lumière, car dans quelque plan et dans quelque situation que ces petits globules se trouvassent ils étaient toujours noirs ; leur mouvement était bien plus rapide que celui des gros, et ce que je remarquai le plus clairement et le plus généralement sur tous, ce fut leur diminution de grosseur, en sorte qu’au huitième jour ils étaient si petits que je ne pouvais presque plus les apercevoir, et, enfin, ils disparurent absolument à mes yeux sans avoir cessé de se mouvoir.

XX

Enfin ayant obtenu avec assez de peine de la liqueur séminale d’un autre lapin, telle qu’il la fournit à sa femelle, avec laquelle il ne reste pas plus d’une minute en copulation, je remarquai qu’elle était beaucoup plus fluide que celle qui avait été tirée des vésicules séminales, et les phénomènes qu’elle offrit étaient aussi fort différents, car il y avait dans cette liqueur les globules en mouvement dont j’ai parlé, et des filaments sans mouvement, et encore des espèces de globules avec des filets ou des queues, et qui res-