Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/135

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extrémités des cornes de la matrice ; ils étaient à peu près gros comme des avelines : ayant examiné l’un de ces testicules, j’y trouvai un corps glanduleux, rouge, proéminent et gros comme un pois ; ce corps glanduleux ressemblait parfaitement à un petit mamelon, et il y avait au dehors de ce corps glanduleux une fente très visible, qui était formée par deux lèvres dont l’une avançait en dehors un peu plus que l’autre ; ayant entr’ouvert cette fente avec un stylet, nous en vîmes dégoutter de la liqueur que nous recueillîmes pour la porter au microscope, après avoir recommandé au chirurgien de remettre les testicules dans le corps de l’animal qui était encore vivant, afin de les tenir chaudement. J’examinai donc cette liqueur au microscope, et du premier coup d’œil j’eus la satisfaction d’y voir des corps mouvants avec des queues, qui étaient presque absolument semblables à ceux que je venais de voir dans la liqueur séminale du chien[NdÉ 1]. MM. Needham et Daubenton, qui observèrent après moi, furent si surpris de cette ressemblance qu’ils ne pouvaient se persuader que ces animaux spermatiques ne fussent pas ceux du chien que nous venions d’observer ; ils crurent que j’avais oublié de changer de porte-objet, et qu’il avait pu rester de la liqueur du chien, ou bien que le cure-dent avec lequel nous avions ramassé plusieurs gouttes de cette liqueur de la chienne pouvait avoir servi auparavant à celle du chien. M. Needham prit donc lui-même un autre porte-objet, un autre cure-dent, et ayant été chercher de la liqueur dans la fente du corps glanduleux, il l’examina le premier et y revit les mêmes animaux, les mêmes corps en mouvement, et il se convainquit avec moi non seulement de l’existence de ces animaux spermatiques dans la liqueur séminale de la femelle, mais encore de leur ressemblance avec ceux de la liqueur séminale du mâle. Nous revîmes au moins dix fois de suite et sur différentes gouttes les mêmes phénomènes, car il y avait une assez bonne quantité de liqueur séminale dans ce corps glanduleux, dont la fente pénétrait dans une cavité profonde de près de trois lignes.

XXVII

Ayant ensuite examiné l’autre testicule, j’y trouvai un corps glanduleux dans son état d’accroissement ; mais ce corps n’était pas mûr, il n’y avait point de fente à l’extérieur, il était bien plus petit et bien moins rouge que le premier, et l’ayant ouvert avec un scalpel je n’y trouvai aucune liqueur ; il y avait seulement une espèce de petit pli dans l’intérieur, que je jugeai

  1. Il est difficile de comprendre comment Buffon a pu commettre une aussi grave erreur d’observation que celle dont il parle ici. Le liquide des vésicules de de Graaf ne contient pas du tout de « corps mouvants avec des queues ». Il ne faut pas oublier que les « corps glanduleux » sur lesquels Buffon porte toute son attention, qu’il considère comme les glandes femelles parvenues à maturité, sont des vésicules de de Graaf ayant déjà expulsé leur œuf et en voie de cicatrisation, ce que l’on nomme aujourd’hui les corps jaunes.