Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/134

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mais, dès que la goutte de liqueur qui était sur le porte-objet du microscope était refroidie, le mouvement de tous ces corps cessait dans un instant, de sorte que je ne pouvais les observer que pendant une minute ou deux. J’essayai de délayer la liqueur avec de l’eau chaude, le mouvement des petits corps dura quelque temps de plus, c’est-à-dire trois ou quatre minutes. La quantité de ces corps mouvants était si grande dans cette liqueur, quoique délayée, qu’ils se touchaient presque tous les uns les autres ; ils étaient tous de la même grosseur et de la même figure, aucun n’avait de queue, leur mouvement n’était pas fort rapide, et lorsque par la coagulation de la liqueur ils venaient à s’arrêter, ils ne changeaient pas de forme.

XXV

Comme j’étais persuadé non seulement par ma théorie, mais aussi par l’examen que j’avais fait des observations et des découvertes de tous ceux qui avaient travaillé avant moi sur cette matière, que la femelle a, aussi bien que le mâle, une liqueur séminale et vraiment prolifique, et que je ne doutais pas que le réservoir de cette liqueur ne fût la cavité du corps glanduleux du testicule, où les anatomistes prévenus de leur système avaient voulu trouver l’œuf[NdÉ 1], je fis acheter plusieurs chiens et plusieurs chiennes, et quelques lapins mâles et femelles que je fis garder et nourrir tous séparément les uns des autres. Je parlai à un boucher pour avoir les portières de toutes les vaches et de toutes les brebis qu’il tuerait ; je l’engageai à me les apporter dans le moment même où la bête viendrait d’expirer ; je m’assurai d’un chirurgien pour faire les dissections nécessaires ; et, afin d’avoir un objet de comparaison pour la liqueur de la femelle, je commençai par observer de nouveau la liqueur séminale d’un chien, qu’il avait fournie par une émission naturelle ; j’y trouvai les mêmes corps en mouvement que j’y avais observés auparavant ; ces corps traînaient après eux des filets qui ressemblaient à des queues dont ils avaient peine à se débarrasser ; ceux dont les queues étaient les plus courtes se mouvaient avec plus d’agilité que les autres ; ils avaient tous, plus ou moins, un mouvement de balancement ou de roulis, et en général leur mouvement progressif, quoique fort sensible et très marqué, n’était pas d’une grande rapidité.

XXVI

Pendant que j’étais occupé à cette observation, l’on disséquait une chienne vivante qui était en chaleur depuis quatre ou cinq jours, et que le mâle n’avait point approchée. On trouva aisément les testicules qui sont aux

  1. Et où il existe véritablement.