Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/143

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XL

On m’apporta, les jours suivants, trois autres portières de vaches qui venaient d’être tuées. Je fis d’abord chercher les testicules pour voir s’il ne s’en trouverait pas quelqu’un dont le corps glanduleux fût en parfaite maturité ; dans deux de ces portières je ne trouvai sur les testicules que des corps glanduleux en accroissement, les uns plus gros, les autres plus petits, les uns plus, les autres moins colorés. On n’avait pu me dire si ces vaches avaient porté ou non, mais il y avait grande apparence que toutes avaient été plusieurs fois en chaleur, car il y avait des cicatrices en assez grand nombre sur tous ces testicules. Dans la troisième portière je trouvai un testicule sur lequel il y avait un corps glanduleux gros comme une cerise et fort rouge ; il était gonflé et me parut être en maturité ; je remarquai à son extrémité un petit trou qui était l’orifice d’un canal rempli de liqueur[NdÉ 1] ; ce canal aboutissait à la cavité intérieure, qui en était aussi remplie : je pressai un peu ce mamelon avec les doigts, et il en sortit assez de liqueur pour pouvoir l’observer un peu à loisir. Je retrouvai dans cette liqueur des globules mouvants qui paraissent être absolument semblables à ceux que j’avais vus auparavant dans la liqueur que j’avais exprimée de même du corps glanduleux d’une autre vache dont j’ai parlé (art. xxxvi) ; il me parut seulement qu’ils étaient en plus grande quantité, et que leur mouvement progressif était moins lent ; ils me parurent aussi plus gros, et les ayant considérés longtemps, j’en vis qui s’allongeaient et qui changeaient de figure ; j’introduisis ensuite un stylet très fin dans le petit trou du corps glanduleux, il y pénétra aisément à plus de quatre lignes de profondeur, et ayant ouvert le long du stylet ce corps glanduleux, je trouvai la cavité intérieure remplie de liqueur ; elle pouvait en contenir en tout deux grosses gouttes. Cette liqueur m’offrit au microscope les mêmes phénomènes, les mêmes globules en mouvement, mais je ne vis jamais dans cette liqueur, non plus que dans celle que j’avais observée auparavant (art. xxxvi), ni filaments, ni filets, ni queues à ces globules. La liqueur des vésicules que j’observai ensuite ne m’offrit rien de plus que ce que j’avais déjà vu les autres fois ; c’était toujours une matière presque entièrement transparente et qui ne contenait rien de mouvant : j’aurais bien désiré d’avoir de la semence de taureau pour la comparer avec celle de la vache, mais les gens à qui je m’étais adressé pour cela me manquèrent de parole.

  1. Le petit trou est l’orifice par lequel l’œuf est sorti de la vésicule de de Graaf.