Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/149

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la figure, la partie comprise entre les deux nœuds paraît être frangée : quand on l’examine avec attention, l’on trouve que ce qui la fait paraître telle, c’est que la substance spongieuse qui est en dedans du tube est rompue et séparée en parcelles à peu près égales ; les phénomènes suivants prouveront cela clairement.

» Quelquefois il arrive que la vis et le tube se rompent précisément au-dessus du piston, lequel reste dans le barillet ; alors le tube se ferme en un moment et prend une figure conique en se contractant, autant qu’il est possible, par-dessus l’extrémité de la vis ; cela démontre qu’il est très élastique en cet endroit, et la manière dont il s’accommode à la figure de la substance qu’il renferme, lorsque celle-ci souffre le moindre changement, prouve qu’il l’est également partout ailleurs. »

M. Needham dit ensuite qu’on serait porté à croire que l’action de toute cette machine serait due au ressort de la vis ; mais il prouve par plusieurs expériences que la vis ne fait au contraire qu’obéir à une force qui réside dans la partie spongieuse ; dès que la vis est séparée du reste, elle cesse d’agir et elle perd toute son activité. L’auteur fait ensuite des réflexions sur cette singulière machine.

« Si j’avais vu, dit-il, les animalcules qu’on prétend être dans la semence d’un animal vivant, peut-être serais-je en état de déterminer si ce sont réellement des créatures vivantes, ou simplement des machines prodigieusement petites, et qui sont en miniature ce que les vaisseaux du calmar sont en grand. »

Par cette analogie et par quelques autres raisonnements, M. Needham conclut qu’il y a grande apparence que les vers spermatiques des autres animaux ne sont que des corps organisés et des espèces de machines semblables à celles-ci, dont l’action se fait en différents temps ; car, dit-il, supposons que dans le nombre prodigieux de vers spermatiques qu’on voit en même temps dans le champ du microscope, il y en ait seulement quelques milliers qui agissent et se développent en même temps, cela suffira pour nous faire croire qu’ils sont tous vivants : concevons de même, ajoute-t-il que le mouvement de chacun de ces vers spermatiques dure, comme celui des machines du calmar, environ une demi-minute ; alors, comme il y aura succession d’action et de machines les unes aux autres, cela pourra durer longtemps, et les prétendus animaux paraîtront mourir successivement. D’ailleurs, pourquoi le calmar seul n’aurait-il dans sa semence que des machines, tandis que tous les autres animaux auraient des vers spermatiques, de vrais animaux ? L’analogie est ici d’une si grande force, qu’il

    globules ; car on doit observer que les ressorts, qui sont les parties qui paraissent les premières, sont entièrement détachés du vaisseau séminal qui les contient, et qu’ils nagent librement dans la liqueur, ce qui prouve qu’il sont formés immédiatement de cette même liqueur.