Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/150

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ne paraît pas possible de s’y refuser. M. Needham remarque encore très bien que les observations mêmes de Leeuwenhoek semblent indiquer que les vers spermatiques ont beaucoup de ressemblance avec les corps organisés de la semence du calmar. J’ai pris, dit Leeuwenhoek en parlant de la semence du cabillaud, ces corps ovales pour ceux des animalcules qui étaient crevés et distendus, parce qu’ils étaient quatre fois plus gros que les corps des animalcules lorsqu’ils étaient en vie ; et dans un autre endroit, j’ai remarqué, dit-il, en parlant de la semence du chien, que ces animaux changent souvent de figure, surtout quand la liqueur dans laquelle ils nagent s’évapore ; leur mouvement progressif ne s’étend pas au delà du diamètre d’un cheveu. (Voyez Leeuwenhoek, Arc. nat., pages 306, 309 et 319.)

Tout cela étant pesé et examiné, M. Needham a conjecturé que les prétendus animaux spermatiques pouvaient bien n’être en effet que des espèces de machines naturelles, des corps bien plus simplement organisés que le corps d’un animal. J’ai vu à son microscope, et avec lui, ces mêmes machines de la laite du calmar, et on peut être assuré que la description qu’il en a donnée est très fidèle et très exacte. Ces observations nous font donc voir que la semence est composée de parties qui cherchent à s’organiser, qu’elle produit en effet dans elle-même des corps organisés, mais que ces corps organisés ne sont pas encore des animaux ni des corps organisés semblables à l’individu qui les produit. On pourrait croire que ces corps organisés ne sont que des espèces d’instruments qui servent à perfectionner la liqueur séminale et à la pousser avec force, et que c’est par cette action vive et intérieure qu’elle pénètre plus intimement la liqueur de la femelle.