Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/157

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dans cette liqueur des animaux plus petits qui n’avaient pas d’autre figure que celle d’un globule : « His animalculis (caudalis scilicet) minora adhuc animalcula, quibus non nisi globuli figuram attribuere possum, permista erant. » C’est la vérité ; cependant après que Leeuwenhoek eut avancé que ces animaux étaient le seul principe efficient de la génération, et qu’ils devaient se transformer en hommes, après qu’il eut fait son système, il n’a regardé comme des animaux que ceux qui avaient des queues ; et comme il ne convenait pas à ses vues que des animaux qui doivent se métamorphoser en hommes n’eussent pas une forme constante et une unité d’espèce, il ne fait plus mention dans la suite de ces globules mouvants, de ces plus petits animaux qui n’ont point de queues, et j’ai été fort surpris lorsque j’ai comparé la copie de cette même lettre qu’il a publiée plus de vingt ans après, et qui est dans son troisième volume, page 58, car, au lieu des mots que nous venons de citer, on trouve ceux-ci, page 62 : « Animalculis hisce permistæ jacebant aliæ minutiores particulæ, quibus non aliam quam globulorum seu sphæricam figuram assignare queo » ; ce qui est, comme l’on voit fort différent. Une particule de matière à laquelle il n’attribue pas de mouvement est fort différente d’un animalcule, et il est étonnant que Leeuwenhoek, en se copiant lui-même, ait changé cet article essentiel. Ce qu’il ajoute immédiatement après mérite aussi attention ; il dit qu’il s’est souvenu qu’à la prière de M. Oldenburg il avait observé cette liqueur trois ou quatre ans auparavant, et qu’alors il avait pris ces animalcules pour des globules : c’est qu’en effet il y a des temps où ces prétendus animalcules ne sont que des globules, des temps où ce ne sont que des globules sans presque aucun mouvement sensible, d’autres temps où ce sont des globules en grand mouvement, des temps où ils ont des queues, d’autres où ils n’en ont point. Il dit, en parlant en général des animaux spermatiques, t. III, p. 371 : « Ex hisce meis observationibus cogitare cœpi, quamvis antehàc de animalculis in seminibus masculinis agens scripserim me in illis caudas non detexisse, fieri tamen posse ut illa animalcula æquè caudis fuerint instructa ac nunc comperi de animalculis in gallorum gallinaceorum semine masculino » ; autre preuve qu’il a vu souvent les prétendus animaux spermatiques de toute espèce sans queues.

On doit remarquer en second lieu que les filaments dont nous avons parlé, et que l’on voit dans la liqueur séminale avant qu’elle soit liquéfiée, avaient été reconnus par Leeuwenhoek, et que dans le temps de ses premières observations, lorsqu’il n’avait point encore fait d’hypothèse sur les animaux spermatiques, ces filaments lui parurent des veines, des nerfs et des artères, qu’il croyait fermement que toutes ces parties et tous les vaisseaux du corps humain se voyaient dans la liqueur séminale aussi clairement qu’un anatomiste les voit en faisant la dissection d’un corps, et qu’il persistait dans ce sentiment malgré les représentations qu’Oldenburg lui faisait à ce sujet de la