Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/164

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même, et l’ayant examinée au bout de six heures, de douze heures, et de plus de vingt-quatre heures, je ne vis plus qu’une liqueur fluide, transparente, homogène, dans laquelle il n’y avait aucun mouvement ni aucun corps sensible. Je ne rapporte cette observation que comme une espèce d’avertissement, et pour qu’on sache qu’il y a des temps où on ne voit rien dans la liqueur séminale de ce qu’on y voit dans d’autres temps.

Quelquefois tous les corps mouvants paraissent avoir des queues, surtout dans la liqueur de l’homme et du chien ; leur mouvement alors n’est point du tout rapide, et il paraît toujours se faire avec effort ; si on laisse dessécher la liqueur, on voit cette queue ou ce filet s’attacher le premier, et l’extrémité antérieure continue pendant quelque temps à faire des oscillations, après quoi le mouvement cesse partout, et on peut conserver ces corps dans cet état de dessèchement pendant longtemps ; ensuite si on y mêle une petite goutte d’eau, leur figure change et ils se réduisent en plusieurs petits globules qui m’ont paru quelquefois avoir de petits mouvements, tant d’approximation entre eux que de trépidation et de tournoiement sur eux-mêmes autour de leurs centres.

Ces corps mouvants de la liqueur séminale de l’homme, ceux de la liqueur séminale du chien, et encore ceux de la chienne, se ressemblent au point de s’y méprendre, surtout lorsqu’on les examine dans le moment que la liqueur vient de sortir du corps de l’animal. Ceux du lapin m’ont paru plus petits et plus agiles ; mais ces différences ou ressemblances viennent autant des états différents ou semblables dans lesquels la liqueur se trouve au moment de l’observation, que de la nature même de la liqueur, qui doit être en effet différente dans les différentes espèces d’animaux. Par exemple, dans celle de l’homme, j’ai vu des stries ou de gros filaments qui se trouvaient comme on le voit dans la planche 1, figure 3, etc., et j’ai vu les corps mouvants se séparer de ces filaments, où il m’a paru qu’il prenaient naissance ; mais je n’ai rien vu de semblable dans celle du chien ; au lieu de filaments ou de stries séparées, c’est ordinairement un mucilage dont le tissu est plus serré et dans lequel on ne distingue qu’avec peine quelques parties filamenteuses, et ce mucilage donne naissance aux corps en mouvement, qui sont cependant semblables à ceux de l’homme.

Le mouvement de ces corps dure plus longtemps dans la liqueur du chien que dans celle de l’homme, et il est aussi plus aisé de s’assurer sur celle du chien du changement de forme dont nous avons parlé. Dans le moment que cette liqueur sort du corps de l’animal, on verra que les corps en mouvements ont pour la plupart des queues ; douze heures, ou vingt-quatre heures, ou trente-six heures après, on trouvera que tous ces corps en mouvement, ou presque tous, ont perdu leurs queues : ce ne sont plus alors que des globules un peu allongés, des ovales en mouvement, et ce mouvement est souvent plus rapide que dans le premier temps.