Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/174

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esse judicabam. » Tout cela, comme l’on voit, ne convient guère à un animal, et s’accorde avec ce que j’ai dit, à l’exception que je n’ai jamais vu la queue ou le filet se mouvoir que par l’agitation du corps qui le tire, ou bien par un mouvement intérieur que j’ai vu dans les filaments lorsqu’ils se gonflent pour produire des corps en mouvement. Il dit ensuite, page 52, en parlant de la liqueur séminale du cabillaud : « Non est putandum omnia animalcula in semine aselli contenta uno eodemque tempore vivere, sed illa potiùs tantùm vivere quæ exitui seu partui viciniora sunt, quæ et copiosiori humido innatant præ reliquis vitâ carentibus, adhuc in crassâ materiâ, quam humor eorum efficit, jacentibus. » Si ce sont des animaux, pourquoi n’ont-ils pas tous vie ? Pourquoi ceux qui sont dans la partie la plus liquide sont-ils vivants, tandis que ceux qui sont dans la partie la plus épaisse de la liqueur ne le sont pas ? Leeuwenhoek n’a pas remarqué que cette matière épaisse, dont il attribue l’origine à l’humeur de ces animalcules, n’est, au contraire, autre chose qu’une matière mucilagineuse qui les produit. En délayant avec de l’eau cette matière mucilagineuse, il aurait fait vivre tous ces animalcules, qui cependant, selon lui, ne doivent vivre que longtemps après ; souvent même ce mucilage n’est qu’un amas de ces corps qui doivent se mettre en mouvement dès qu’ils peuvent se séparer, et par conséquent cette matière épaisse, au lieu d’être une humeur que ces animaux produisent, n’est, au contraire, que les animaux eux-mêmes, ou plutôt c’est, comme nous venons de le dire, la matière qui contient et qui produit les parties organiques qui doivent se mettre en mouvement. En parlant de la semence du coq, Leeuwenhoek dit, page 5 de sa lettre écrite à Grew : « Contemplando materiam (seminalem) animadverti ibidem tantam abundantiam viventium animalium, ut ea stuperem ; forma seu externa figura sua nostrates anguillas fluviatiles referebant, vehementissimâ agitatione movebantur ; quibus tamen substrati videbantur multi et admodùm exiles globuli, item multæ plan-ovales figuræ, quibus etiam vita posset attribui, et quidem propter earumdem commotiones ; sed existimabam omnes hasce commotiones et agitationes provenire ab animalculis, sicque etiam res se habebat ; attamen ego non opinione solùm, sed etiam ad veritatem mihi persuadeo has particulas planam et ovalem figuram habentes, esse quædam animalcula inter se ordine suo disposita et mixta, vitâque adhuc carentia. » Voilà donc dans la même liqueur séminale des animalcules de différentes formes, et je suis convaincu, par mes propres observations, que si Leeuwenhoek eût observé exactement les mouvements de ces ovales, il aurait reconnu qu’ils se remuaient par leur propre force, et que, par conséquent, ils étaient vivants aussi bien que les autres. Il est visible que ceci s’accorde parfaitement avec ce que nous avons dit ; ces corps mouvants sont des parties organiques qui prennent différentes formes, et ce ne sont pas des espèces constantes d’animaux ; car, dans le cas présent, si les corps qui ont la figure