Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/175

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d’une anguille sont les vrais animaux spermatiques dont chacun est destiné à devenir un coq, ce qui suppose une organisation bien parfaite et une forme bien constante, que seront les autres qui ont une figure ovale, et à quoi serviront-ils ? Il dit un peu plus bas qu’on pourrait concevoir que ces ovales seraient les mêmes animaux que les anguilles, en supposant que le corps de ces anguilles fût tortillé et rassemblé en spirale ; mais alors comment concevra-t-on qu’un animal, dont le corps est ainsi contraint, puisse se mouvoir sans s’étendre ? Je crois donc que ces ovales n’étaient autre chose que les parties organiques séparées de leur filet, et que les anguilles étaient ces mêmes parties qui traînaient leur filet, comme je l’ai vu plusieurs fois dans d’autres liqueurs séminales.

Au reste, Leeuwenhoek, qui croyait que tous ces corps mouvants étaient des animaux, qui avait établi sur cela un système, qui prétendait que ces animaux spermatiques devaient devenir des hommes et des animaux, n’avait garde de soupçonner que ces corps mouvants ne fussent, en effet, que des machines naturelles, des parties organiques en mouvement ; car il ne doutait pas (voyez t. Ier, p. 67) que ces animaux spermatiques ne continssent en petit le grand animal, et il dit : « Progeneratio animalis ex animalculo in seminibus masculinis omni exceptione major est ; nam, etiamsi in animalculo ex semine masculo, unde ortum est, figuram animalis conspicere nequeamus, attamen satis superque certi esse possumus figuram animalis ex quâ animal ortum est, in animalculo quod in semine masculo reperitur, conclusam jacere sive esse : et quanquam mihi sæpiùs, conspectis animalculis in semine masculo animalis, imaginatus fuerim me posse dicere, en ibi caput, en ibi humeros, en ibi femora ; attamen cùm ne minima quidem certitudine de iis judicium ferre potuerim, hujusque certi quid statuere supersedeo, donec tale animal, cujus semina mascula tam magna erunt, ut in iis figuram creaturæ, ex quâ provenit, agnoscere queam, invenire secunda nobis concedat fortuna. » Ce hasard heureux que Leeuwenhoek désirait, et n’a pas eu, s’est offert à M. Needham. Les animaux spermatiques du calmar ont trois ou quatre lignes de longueur à l’œil simple ; il est extrêmement aisé d’en voir toute l’organisation et toutes les parties, mais ce ne sont pas de petits calmars, comme l’aurait voulu Leeuwenhoek ; ce ne sont pas même des animaux, quoiqu’ils aient du mouvement ; ce ne sont, comme nous l’avons dit, que des machines qu’on doit regarder comme le premier produit de la réunion des parties organiques en mouvement.

Quoique Leeuwenhoek n’ait pas eu l’avantage de se détromper de cette façon, il avait cependant observé d’autres phénomènes qui auraient dû l’éclairer ; par exemple, il avait remarqué (voyez t. Ier, p. 160) que les animaux spermatiques du chien changeaient souvent de figure, surtout lorsque la liqueur dans laquelle ils nageaient était sur le point de s’évaporer entièrement ; il avait observé que ces prétendus animaux avaient une ouverture