Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/185

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culum fibrosum semper succrescit ; scrofis autem prægnantibus tanta accidit testiculorum mutatio, ut mediocrem quoque attentionem fugere nequeat. » (Vide Conradi Peyeri Merycologia.) Cet auteur croit, avec quelque raison, que la petitesse des testicules des daines et des biches est cause de ce qu’Harvey n’y a pas remarqué de changements, mais il est lui-même dans l’erreur en ce qu’il dit que ces changements qu’il y a remarqués, et qui avaient échappé à Harvey, n’arrivent qu’après une copulation féconde.

Il paraît d’ailleurs qu’Harvey s’est trompé sur plusieurs autres choses essentielles : il assure que la semence du mâle n’entre pas dans la matrice de la femelle, et même qu’elle ne peut pas y entrer, et cependant Verheyen a trouvé une grande quantité de semence du mâle dans la matrice d’une vache disséquée seize heures après l’accouplement (voyez Verheyen, Sup. anat., tract. v, cap. iii). Le célèbre Ruysch assure avoir disséqué la matrice d’une femme qui ayant été surprise en adultère fut assassinée sur-le-champ, et avoir trouvé non seulement dans la cavité de la matrice, mais aussi dans les deux trompes, une bonne quantité de la liqueur séminale du mâle (voyez Ruysch, Thes. anat., p. 90, tab. vi, fig. 1.) Valisnieri assure que Fallope et d’autres anatomistes ont aussi trouvé, comme Ruysch, de la semence du mâle dans la matrice de plusieurs femmes. On ne peut donc guère douter, après le témoignage positif de ces grands anatomistes, qu’Harvey ne se soit trompé sur ce point important, surtout si l’on ajoute à ces témoignages celui de Leeuwenhoek, qui assure avoir trouvé de la semence du mâle dans la matrice d’un très grand nombre de femelles de toute espèce, qu’il a disséquées après l’accouplement.

Une autre erreur de fait est-ce que dit Harvey (cap. xvi, no 7) au sujet d’une fausse couche du second mois, dont la masse était grosse comme un œuf de pigeon, mais encore sans aucun fœtus formé, tandis qu’on est assuré par le témoignage de Ruysch et de plusieurs autres anatomistes, que le fœtus est toujours reconnaissable, même à l’œil simple, dans le premier mois. L’Histoire de l’Académie fait mention d’un fœtus de vingt et un jours, et nous apprend qu’il était cependant formé en entier, et qu’on en distinguait aisément toutes les parties. Si l’on ajoute à ces autorités celle de Malpighi, qui a reconnu le poulet dans la cicatricule immédiatement après que l’œuf fut sorti du corps de la poule et avant qu’il eût été couvé, on ne pourra pas douter que le fœtus ne soit formé et n’existe dès le premier jour et immédiatement après la copulation, et par conséquent on ne doit donner aucune croyance à tout ce qu’Harvey dit au sujet des parties qui viennent s’ajuster les unes auprès des autres par juxtaposition, puisqu’au contraire elles sont toutes existantes d’abord, et qu’elles ne font que se développer successivement.

Graaf a pris le mot d’œuf dans une acception toute différente d’Harvey ; il a prétendu que les testicules des femmes étaient de vrais ovaires qui con-