Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’en automne, etc. Les uns, comme ces derniers, semblent s’épuiser totalement par l’acte de la génération, et en effet ils meurent peu de temps après, comme l’on voit mourir au bout de quelques jours les papillons qui produisent les vers à soie ; d’autres ne s’épuisent pas jusqu’à l’extinction de la vie, mais ils deviennent, comme les cerfs, d’une maigreur extrême et d’une grande faiblesse, et il leur faut un temps considérable pour réparer la perte qu’ils ont faite de leur substance organique ; d’autres s’épuisent encore moins et sont en état d’engendrer plus souvent ; d’autres enfin, comme l’homme, ne s’épuisent point du tout, ou du moins sont en état de réparer promptement la perte qu’ils ont faite, et il sont aussi en tout temps en état d’engendrer ; cela dépend uniquement de la constitution particulière des organes de ces animaux : les grandes limites que la nature a mises dans la manière d’exister se trouvent toutes aussi étendues dans la manière de prendre et de digérer la nourriture, dans les moyens de la rendre ou de la garder, dans ceux de la séparer et d’en tirer les molécules organiques nécessaires à la reproduction ; et partout nous trouverons toujours que tout ce qui peut être est.

On doit dire la même chose du temps de la génération des femelles : les unes, comme les juments, portent le fœtus pendant onze à douze mois ; d’autres, comme les femmes, les vaches, les biches, pendant neuf mois ; d’autres, comme les renards, les louves, pendant cinq mois ; les chiennes pendant neuf semaines, les chattes pendant six, les lapins trente-un jours ; la plupart des oiseaux sortent de l’œuf au bout de vingt-un jours ; quelques-uns, comme les serins, éclosent au bout de treize ou quatorze jours, etc. La variété est ici tout aussi grande qu’en toute autre chose ; seulement il paraît que les plus gros animaux qui ne produisent qu’un petit nombre de fœtus sont ceux qui portent le plus longtemps ; ce qui confirme encore ce que nous avons dit, que la quantité de nourriture organique est à proportion moindre dans les gros que dans les petits animaux, car c’est du superflu de la nourriture de la mère que le fœtus tire celle qui est nécessaire à son accroissement et au développement de toutes ses parties ; et puisque ce développement demande beaucoup plus de temps dans les gros animaux que dans les petits, c’est une preuve que la quantité de matière qui y contribue n’est pas aussi abondante dans les premiers que dans les derniers.

Il y a donc une variété infinie dans les animaux pour le temps et la manière de porter, de s’accoupler et de produire, et cette même variété se trouve dans les causes mêmes de la génération ; car, quoique le principe général de toute production soit cette matière organique qui est commune à tout ce qui vit ou végète, la manière dont s’en fait la réunion doit avoir des combinaisons à l’infini, qui toutes peuvent devenir des sources de productions nouvelles : mes expériences démontrent assez clairement qu’il n’y a point de germes préexistants, et en même temps elles prouvent que la géné-