Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/208

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coule et distille continuellement par les petites ouvertures qui sont à l’extrémité de ces corps glanduleux, et cette liqueur séminale de la femelle peut, comme celle du mâle, entrer dans la matrice de deux façons différentes, soit par les ouvertures qui sont aux extrémités des cornes de la matrice, qui paraissent être les passages les plus naturels, soit à travers le tissu membraneux de ces cornes, que cette liqueur humecte et arrose continuellement.

Ces liqueurs séminales sont toutes deux un extrait de toutes les parties du corps de l’animal ; celle du mâle est un extrait de toutes les parties du corps du mâle, celle de la femelle est un extrait de toutes les parties du corps de la femelle : ainsi dans le mélange qui se fait de ces deux liqueurs il y a tout ce qui est nécessaire pour former un certain nombre de mâles et de femelles ; plus la quantité de liqueur fournie par l’un et par l’autre est grande, ou, pour mieux dire, plus cette liqueur est abondante en molécules organiques analogues à toutes les parties du corps de l’animal dont elles sont l’extrait, et plus le nombre des fœtus est grand, comme on le remarque dans les petits animaux ; et au contraire moins ces liqueurs sont abondantes en molécules organiques, et plus le nombre des fœtus est petit, comme il arrive dans les espèces des grands animaux.

Mais pour suivre notre sujet avec plus d’attention, nous n’examinerons ici que la formation particulière du fœtus humain, sauf à revenir ensuite à l’examen de la formation du fœtus dans les autres espèces d’animaux, soit vivipares, soit ovipares. Dans l’espèce humaine, comme dans celle des gros animaux, les liqueurs séminales du mâle et de la femelle ne contiennent pas une grande abondance de molécules organiques analogues aux individus dont elles sont extraites, et l’homme ne produit ordinairement qu’un, et rarement deux fœtus ; ce fœtus est mâle si le nombre des molécules organiques du mâle prédomine dans le mélange des deux liqueurs ; il est femelle si le nombre des parties organiques de la femelle est le plus grand, et l’enfant ressemble au père ou à la mère, ou bien à tous deux, selon les combinaisons différentes de ces molécules organiques, c’est-à-dire suivant qu’elles se trouvent en telle ou telle quantité dans le mélange des deux liqueurs[NdÉ 1].

Je conçois donc que la liqueur séminale du mâle, répandue dans le vagin, et celle de la femelle répandue dans la matrice, sont deux matières également actives, également chargées de molécules organiques propres à la génération ; et cette supposition me paraît assez prouvée par mes expériences, puisque j’ai trouvé les mêmes corps en mouvement dans la liqueur de la femelle et dans celle du mâle : je vois que la liqueur du mâle entre

  1. Cette explication est simple, mais elle est beaucoup moins prouvée que simple ; elle découle, du reste, fort naturellement de la théorie de Buffon sur les liqueurs mâles et femelles, et sur les molécules organiques dont ces liqueurs seraient composées.