Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour qu’elles puissent se fixer ; qu’elles ne peuvent perdre cette activité que par la résistance ou le mouvement contraire d’autres molécules semblables et qui proviennent d’un autre individu, et que sans cette espèce d’équilibre entre l’action de ces molécules de deux individus différents il ne peut résulter l’état de repos, ou plutôt l’établissement local des parties organiques qui est nécessaire pour la formation de l’animal ; que quand il arrive dans le réservoir séminal d’un individu des molécules organiques semblables à toutes les parties de cet individu dont elles sont renvoyées, ces molécules ne peuvent se fixer parce que leur mouvement n’est point contre-balancé et qu’il ne peut l’être que par l’action et le mouvement contraires d’autant d’autres molécules qui doivent provenir d’un autre individu, ou de parties différentes dans le même individu ; que, par exemple, dans les arbres chaque bouton qui peut devenir un petit arbre a d’abord été comme le réservoir des molécules organiques renvoyées de certaines parties de l’arbre ; mais que l’activité de ces molécules n’a été fixée qu’après le renvoi dans le même lieu de plusieurs autres molécules provenant d’autres parties, et qu’on peut regarder sous ce point de vue les unes comme venant des parties mâles, et les autres comme provenant des parties femelles ; en sorte que dans ce sens tous les êtres vivants ou végétants doivent tous avoir les deux sexes conjointement ou séparément pour pouvoir produire leur semblable : mais cette réponse est trop générale pour ne pas laisser encore beaucoup d’obscurité ; cependant si l’on fait attention à tous les phénomènes, il me paraît qu’on peut l’éclaircir davantage. Le résultat du mélange des deux liqueurs, masculine et féminine, produit non seulement un fœtus mâle ou femelle, mais encore d’autres corps organisés, et qui d’eux-mêmes ont une espèce de végétation et un accroissement réel : le placenta, les membranes, etc., sont produits en même temps que le fœtus, et cette production paraît même se développer la première ; il y a donc dans la liqueur séminale, soit du mâle, soit de la femelle, ou dans le mélange de toutes deux, non seulement les molécules organiques nécessaires à la production du fœtus, mais aussi celles qui doivent former le placenta et les enveloppes ; et l’on ne sait pas d’où ces molécules organiques peuvent venir, puisqu’il n’y a aucune partie dans le corps, soit du mâle, soit de la femelle, dont ces molécules aient pu être renvoyées, et que par conséquent on ne voit pas qu’il y ait une origine primitive de la forme qu’elles prennent lorsqu’elles forment ces espèces de corps organisés différents du corps de l’animal. Dès lors, il me semble qu’on ne peut pas se dispenser d’admettre que les molécules des liqueurs séminales de chaque individu mâle et femelle, étant également organiques et actives, forment toujours des corps organisés toutes les fois qu’elles peuvent se fixer en agissant mutuellement les unes sur les autres ; que les parties employées à former un mâle seront d’abord celles du sexe masculin qui se fixeront les premières et formeront les parties sexuelles, et qu’ensuite celles qui sont communes aux deux individus pour-