Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/221

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mâle et celle de la femelle, on y voit une infinité de petits corps en grand mouvement, aussi bien dans l’une que dans l’autre de ces liqueurs ; et ensuite, si l’on observe le résultat du mélange de ces deux liqueurs actives, on ne voit qu’un petit corps en repos et tout à fait immobile, auquel la chaleur est nécessaire pour donner du mouvement ; car le poulet qui existe dans le centre de la cicatricule est sans aucun mouvement avant l’incubation ; et même vingt-quatre après, lorsqu’on commence à l’apercevoir sans microscope, il n’a pas la plus petite apparence de mouvement, ni même le jour suivant ; ce n’est pendant ces premiers jours qu’une petite masse blanche d’un mucilage qui a de la consistance dès le second jour, et qui augmente insensiblement et peu à peu par une espèce de vie végétative dont le mouvement est très lent, et ne ressemble point du tout à celui des parties organiques qui se meuvent rapidement dans la liqueur séminale. D’ailleurs j’ai eu raison de dire que ce mouvement est absolument détruit et que l’activité des molécules organiques est entièrement fixée, car si on garde un œuf sans l’exposer au degré de chaleur qui est nécessaire pour développer le poulet, l’embryon, quoique formé en entier, y demeurera sans aucun mouvement, et les molécules organiques dont il est composé resteront fixées sans qu’elles puissent d’elles-mêmes donner le mouvement et la vie à l’embryon qui a été formé par leur réunion. Ainsi après que le mouvement des molécules organiques a été détruit, après la réunion de ces molécules et l’établissement local de toutes les parties qui doivent former un corps animal, il faut encore une puissance extérieure pour l’animer et lui donner la force de se développer en rendant du mouvement à celles de ces molécules qui sont contenues dans les vaisseaux de ce petit corps ; car avant l’incubation la machine animale existe en entier, elle est entière, complète et toute prête à jouer ; mais il faut un agent extérieur pour la mettre en mouvement, et cet agent est la chaleur qui, en raréfiant les liqueurs, les oblige à circuler et met ainsi en action tous les organes, qui ne font plus ensuite que se développer et croître, pourvu que cette chaleur extérieure continue à les aider dans leurs fonctions et ne vienne à cesser que quand ils en ont assez d’eux-mêmes pour s’en passer et pour pouvoir, en venant au monde, faire usage de leurs membres et de tous leurs organes extérieurs.

Avant l’action de cette chaleur extérieure, c’est-à-dire avant l’incubation, l’on ne voit pas la moindre apparence de sang, et ce n’est qu’environ vingt-quatre heures après que j’ai vu quelques vaisseaux changer de couleur et rougir : les premiers qui prennent cette couleur et qui contiennent en effet du sang sont dans le placenta, et ils communiquent au corps du poulet ; mais il semble que ce sang perde sa couleur en approchant du corps de l’animal ; car le poulet entier est tout blanc, et à peine découvre-t-on dans le premier le second et le troisième jour après l’incubation, un, ou deux, ou trois petits points sanguins qui sont voisins du corps de l’animal, mais qui semblent n’en