Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/224

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à se redresser et à embrasser le testicule, alors il peut se faire qu’elle s’élève encore plus haut, et que le mélange des deux liqueurs se fasse dans le lieu même de l’origine de cette liqueur, c’est-à-dire dans la cavité du corps glanduleux, et il pourrait s’y former un fœtus, mais qui n’arriverait pas à sa perfection. On a quelques faits qui semblent indiquer que cela est arrivé quelquefois. Dans l’Histoire de l’ancienne Académie des sciences (t. II, p. 91) on trouve une observation à ce sujet. M. Theronde, chirurgien à Paris, fit voir à l’Académie une masse informe qu’il avait trouvée dans le testicule droit d’une fille âgée de dix-huit ans ; on y remarquait deux fentes ouvertes et garnies de poils comme deux paupières ; au-dessus de ces paupières était une espèce de front avec une ligne noire à la place des sourcils ; immédiatement au-dessus il y avait plusieurs cheveux ramassés en deux paquets, dont l’un était long de sept pouces et l’autre de trois ; au-dessous du grand angle de l’œil sortaient deux dents molaires, dures, grosses et blanches ; elles étaient avec leurs gencives, elles avaient environ trois lignes de longueur, et étaient éloignées l’une de l’autre d’une ligne ; une troisième dent plus grosse sortait au-dessous de ces deux-là ; il paraissait encore d’autres dents différemment éloignées les unes des autres et de celles dont nous venons de parler ; deux autres entre autres, de la nature des canines, sortaient d’une ouverture placée à peu près où est l’oreille. Dans le même volume (p. 244) il est rapporté que M. Méry trouva dans le testicule d’une femme, qui était abcédé, un os de la mâchoire supérieure avec plusieurs dents si parfaites que quelques-unes parurent avoir plus de dix ans. On trouve dans le Journal de Médecine (janvier 1683), publié par l’abbé de la Roque, l’histoire d’une dame qui, ayant fait huit enfants fort heureusement, mourut de la grossesse d’un neuvième qui s’était formé auprès de l’un de ses testicules, ou même dedans ; je dis auprès ou dedans parce que cela n’est pas bien clairement expliqué dans la relation qu’un M. de Saint-Maurice, médecin, à qui on doit cette observation, a faite de cette grossesse ; il dit seulement qu’il ne doute pas que le fœtus ne fût dans le testicule, mais lorsqu’il le trouva il était dans l’abdomen ; ce fœtus était gros comme le pouce et entièrement formé, on y reconnaissait aisément le sexe. On trouve aussi dans les Transactions philosophiques quelques observations sur des testicules de femmes, où l’on a trouvé des dents, des cheveux, des os. Si tous ces faits sont vrais, on ne peut guère les expliquer que comme nous l’avons fait, et il faudra supposer que la liqueur séminale du mâle monte quelquefois, quoique très rarement, jusqu’aux testicules de la femelle[NdÉ 1] ; cependant j’avouerai que j’ai quelque peine à le croire : premièrement, parce que les faits qui paraissent le prouver sont extrêmement rares ; en second lieu, parce qu’on n’a jamais vu de fœtus

  1. La fécondation de l’œuf, chez la femme, peut, en effet, être effectuée soit dans les trompes, soit même dans le follicule de Graaf qui contient l’œuf, au lieu de se produire dans la matrice, comme c’est le cas normal.