Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/242

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du fœtus tantôt d’un côté de la matrice et tantôt d’un autre côté, il frappe également en plusieurs endroits différents, ce qui suppose qu’il prend des situations différentes ; 3o comme il nage dans un liquide qui l’environne de tous côtés, il peut très aisément se tourner, s’étendre, se plier par ses propres forces, et il doit aussi prendre des situations différentes, suivant les différentes attitudes du corps de la mère ; par exemple, lorsqu’elle est couchée, le fœtus doit être dans une autre situation que quand elle est debout.

La plupart des anatomistes ont dit que le fœtus est contraint de courber son corps et de plier ses membres, parce qu’il est trop gêné dans son enveloppe ; mais cette opinion ne me paraît pas fondée, car il y a, surtout dans les cinq ou six premiers mois de la grossesse, beaucoup plus d’espace qu’il n’en faut pour que le fœtus puisse s’étendre, et cependant il est dans ce même temps courbé et replié : on voit aussi que le poulet est courbé dans la liqueur que contient l’amnios, dans le temps même que cette membrane est assez étendue et cette liqueur assez abondante pour contenir un corps cinq ou six fois plus gros que le poulet ; ainsi on peut croire que cette forme courbée et repliée que prend le corps du fœtus est naturelle et point du tout forcée ; je serais volontiers de l’avis d’Harvey, qui prétend que le fœtus ne prend cette attitude que parce qu’elle est la plus favorable au repos et au sommeil, car tous les animaux mettent leur corps dans cette position pour se reposer et pour dormir ; et comme le fœtus dort presque toujours dans le sein de la mère, il prend naturellement la situation la plus avantageuse : « Certè, dit ce fameux anatomiste, animalia omnia, dum quiescunt et dormiunt, membra sua ut plurimùm adducunt et complicant, figuramque ovalem ac conglobatam quærunt : ita pariter embryones qui ætatem suam maxime somno transigunt, membra sua positione eà quà plasmantur (tanquàm naturalissimà ac maximè indolenti quietique aptissimà) componunt. » (Voyez Harvey, de Generat., p. 257.)

La matrice prend, comme nous l’avons dit, un assez prompt accroissement dans les premiers temps de la grossesse, elle continue aussi à augmenter à mesure que le fœtus augmente ; mais l’accroissement du fœtus devenant ensuite plus grand que celui de la matrice, surtout dans les derniers temps, on pourrait croire qu’il s’y trouve trop serré et que, quand le temps d’en sortir est arrivé, il s’agite par des mouvements réitérés ; il fait alors, en effet, successivement et à diverses reprises des efforts violents ; la mère en ressent vivement l’impression ; l’on désigne ces sensations douloureuses et leur retour périodique, quand on parle des heures du travail de l’enfantement ; plus le fœtus a de force pour dilater la capacité de la matrice, plus il trouve de résistance ; le ressort naturel de cette partie tend à la resserrer et en augmente la réaction : dès lors tout l’effort tombe sur son orifice ; cet orifice a déjà été agrandi peu à peu dans les derniers mois de la grossesse ; la tête du fœtus porte depuis longtemps sur les bords de cette ouverture et la dilate par