Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une pression continuelle ; dans le moment de l’accouchement le fœtus, en réunissant ses propres forces à celles de la mère[NdÉ 1], ouvre enfin col orifice autant qu’il est nécessaire pour se faire passage et sortir de la matrice.

Ce qui peut faire croire que ces douleurs, qu’on désigne par le nom d’heures du travail, ne proviennent que de la dilatation de l’orifice de la matrice, c’est que cette dilatation est le plus sûr moyen pour reconnaître si les douleurs que ressent une femme grosse sont, en effet, les douleurs de l’enfantement : il arrive assez souvent que les femmes éprouvent dans la grossesse des douleurs très vives, et qui ne sont cependant pas celles qui doivent précéder l’accouchement ; pour distinguer ces fausses douleurs des vraies, Deventer conseille à l’accoucheur de toucher l’orifice de la matrice, et il assure que si ce sont en effet les douleurs vraies, la dilatation de cet orifice augmentera toujours par l’effet de ces douleurs ; et qu’au contraire, si ce ne sont que de fausses douleurs, c’est-à-dire des douleurs qui proviennent de quelque autre cause que de celle d’un enfantement prochain, l’orifice de la matrice se rétrécira plutôt qu’il ne se dilatera, ou du moins qu’il ne continuera pas à se dilater ; dès lors on est assez fondé à imaginer que ces douleurs ne proviennent que de la dilatation forcée de cet orifice : la seule chose qui soit embarrassante est cette alternative de repos et de souffrance qu’éprouve la mère ; lorsque la première douleur est passée, il s’écoule un temps considérable avant que la seconde se fasse sentir ; et de même il y a des intervalles, souvent très longs, entre la seconde et la troisième, entre la troisième et la quatrième douleur, etc. Cette circonstance de l’effet ne s’accorde pas parfaitement avec la cause que nous venons d’indiquer, car la dilatation d’une ouverture qui se fait peu à peu, et d’une manière continue, devrait produire une douleur constante et continue, et non pas des douleurs par accès ; je ne sais donc si on ne pourrait pas les attribuer à une autre cause qui me paraît plus convenable à l’effet, cette cause serait la séparation du placenta : on sait qu’il tient à la matrice par un certain nombre de mamelons qui pénètrent dans les petites lacunes ou cavités de ce viscère ; dès lors ne peut-on pas supposer que ces mamelons ne sortent pas de leurs cavités tous en même temps ? Le premier mamelon qui se séparera de la matrice produira la première douleur, un autre mamelon qui se séparera quelque temps après produira une autre douleur, etc. L’effet répond ici parfaitement à la cause, et on peut appuyer cette conjecture par une autre observation : c’est qu’immédiatement avant l’accouchement il sort une liqueur blanchâtre et visqueuse, semblable à celle que rendent les mamelons du placenta lorsqu’on les tire hors des lacunes où ils ont leur insertion, ce qui doit faire penser que cette liqueur, qui sort alors de la

  1. Dans l’accouchement, le fœtus n’agit pas. La pression qu’exerce sa tête sur l’orifice de l’utérus, et qui a pour effet de le dilater, est la conséquence de l’impulsion qu’il reçoit lui-même et de la pression dont il est l’objet de la part des parois contractées de l’utérus.