Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/248

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pouvait-on les apercevoir ; que cependant ces filets étaient creux, et que l’urine passait dans la cavité intérieure de ces filets, comme dans autant de canaux.

L’expérience et les observations du plus grand nombre des anatomistes sont contraires à ces faits ; on ne trouve ordinairement aucuns vestiges de l’allantoïde entre l’amnios et le chorion ou dans le placenta, ni de l’ouraque dans le cordon ; il y a seulement une sorte de ligament qui tient d’un bout à la face extérieure du fond de la vessie, et de l’autre au nombril, mais il devient si délié en entrant dans le cordon qu’il y est réduit à rien ; pour l’ordinaire, ce ligament n’est pas creux, et on ne voit point d’ouverture dans le fond de la vessie qui y réponde.

Le fœtus n’a aucune communication avec l’air libre, et les expériences que l’on a faites sur ses poumons ont prouvé qu’ils n’avaient pas reçu l’air comme ceux de l’enfant nouveau-né, car ils vont à fond dans l’eau, au lieu que ceux de l’enfant qui a respiré surnagent ; le fœtus ne respire donc pas dans le sein de la mère, par conséquent il ne peut former aucun son par l’organe de la voix, et il semble qu’on doit regarder comme des fables les histoires qu’on débite sur les gémissements et les cris des enfants avant leur naissance. Cependant il peut arriver après l’écoulement des eaux que l’air entre dans la capacité de la matrice et que l’enfant commence à respirer avant que d’en être sorti ; dans ce cas il pourra crier, comme le petit poulet crie avant même que d’avoir cassé la coquille de l’œuf qui le renferme, parce qu’il y a de l’air dans la cavité qui est entre la membrane extérieure et la coquille, comme on peut s’en assurer sur les œufs dans lesquels le poulet est déjà fort avancé, ou seulement sur ceux qu’on a gardés pendant quelque temps et dont le petit-lait s’est évaporé à travers les pores de la coquille ; car en cassant ces œufs on trouve une cavité considérable dans le bout supérieur de l’œuf entre la membrane et la coquille, et cette membrane est dans un état de fermeté et de tension, ce qui ne pourrait être si cette cavité était absolument vide, car, dans ce cas, le poids du reste de la matière de l’œuf casserait cette membrane, et le poids de l’atmosphère briserait la coquille à l’endroit de cette cavité ; il est donc certain qu’elle est remplie d’air et que c’est par le moyen de cet air que le poulet commence à respirer avant que d’avoir cassé la coquille ; et si l’on demande d’où peut venir cet air qui est renfermé dans cette cavité, il est aisé de répondre qu’il est produit par la fermentation intérieure des matières contenues dans l’œuf[NdÉ 1], comme l’on sait que toutes les matières en fermentation en produisent. (Voyez la Statique des végétaux, chap. vi.)

Le poumon du fœtus étant sans aucun mouvement, il n’entre dans ce viscère qu’autant de sang qu’il en faut pour le nourrir et le faire croître, et

  1. Cet air vient du dehors à travers la coquille, qui est très poreuse.