Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/397

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et qui cependant mérite la plus grande attention, car ce n’est qu’en réunissant plusieurs faits semblables qu’on pourra développer ce qui reste de mystérieux dans la génération par le concours de deux individus d’espèces différentes, et déterminer la proportion des puissances effectives du mâle et de la femelle dans toute reproduction.

De mes neuf mulets provenus du bouc et de la brebis, le premier naquit le 15 avril : observé trois jours après sa naissance et comparé avec un agneau de même âge, il en différait par les oreilles qu’il avait un peu plus grandes, par la partie supérieure de la tête qui était plus large, ainsi que la distance des yeux ; il avait de plus une bande de poil gris blanc depuis la nuque du cou jusqu’à l’extrémité de la queue ; les quatre jambes, le dessous du cou, de la poitrine et du ventre, étaient couverts du même poil blanc assez rude ; il n’y avait un peu de laine que sur les flancs entre le dos et le ventre, et encore cette laine courte et frisée était mêlée de beaucoup de poil. Ce mulet avait aussi les jambes d’un pouce et demi plus longues que l’agneau du même âge : observé le 3 mai suivant, c’est-à-dire dix-huit jours après sa naissance, les poils blancs étaient en partie tombés et remplacés par des poils bruns semblables pour la couleur à ceux du bouc et presque aussi rudes. La proportion des jambes s’était soutenue ; ce mulet les avait plus longues que l’agneau de plus d’un pouce et demi ; il était mal sur ses longues jambes, et ne marchait pas aussi bien que l’agneau. Un accident ayant fait périr cet agneau, je n’observai ce mulet que quatre mois après, et nous le comparâmes avec une brebis du même âge. Le mulet avait un pouce de moins que la brebis, sur la longueur qui est depuis l’entre-deux des yeux jusqu’au bout du museau, et un demi-pouce de plus sur la largeur de la tête, prise au-dessus des deux yeux à l’endroit le plus gros. Ainsi la tête de ce mulet était plus grosse et plus courte que celle d’une brebis du même âge ; la courbure de la mâchoire supérieure, prise à l’endroit des coins de la bouche, avait près d’un demi-pouce de longueur de plus dans le mulet que dans la brebis. La tête du mulet n’était pas couverte de laine, mais elle

    que lui-même en avait monté un le 30 septembre, et qu’il fit en un jour dix-huit lieues ou cinquante-quatre milles d’Italie ; qu’enfin ils ont la démarche plus sûre et le pas plus aisé que le cheval. »

    D’après une semblable assertion, on croirait que ces jumarts, provenant du taureau avec la jument et l’ânesse, existent ou du moins qu’ils ont existé ; néanmoins m’en étant informé, personne n’a pu me confirmer ces faits.

    Le docteur Shaw, dans son histoire d’Alger, p. 234, dit qu’il a vu en Barbarie un animal appelé kumrah, et qui est engendré par l’union de l’âne et de la vache, qu’il est solipède comme l’âne, et qu’il n’a point de cornes sur la tête, mais qu’à tous autres égards il diffère de l’âne ; qu’il n’est capable que de peu de service, qu’il a la peau, la queue et la tête comme la vache, à l’exception des cornes. Le docteur Shaw est un auteur qui mérite confiance ; cependant ayant consulté sur ce fait quelques personnes qui ont demeuré en Barbarie, et particulièrement M. le chevalier James Bruce, tous m’ont assuré n’avoir aucune connaissance de ces animaux engendrés par l’âne et la vache.