Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/424

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trois pieds sept pouces de longueur et deux pieds cinq pouces de hauteur. Il tenait beaucoup plus du chien que du loup par la forme de la tête, qui était plutôt ronde qu’allongée. Il avait, comme le mâtin, le front proéminent, le museau assez gros et le bout du nez peu relevé ; ainsi l’on peut dire qu’il avait exactement la tête de son père chien, mais la queue de sa mère louve, car cette queue n’était pas courte comme celle de son père, mais presque aussi longue que celle du loup. Ses oreilles étaient recourbées vers l’extrémité, et tenaient un peu de celles du loup, se tenant toujours droites à l’exception de l’extrémité qui retombait sur elle-même en tout temps, même dans les moments où il fixait les objets qui lui déplaisaient ; et ce qu’il y a de singulier, c’est que les oreilles, au lieu d’être recourbées constamment de chaque côté de la tête, étaient souvent courbées du côté des yeux, et il paraît que cette différence de mouvement dépendait de la volonté de l’animal ; elles étaient larges à la base et finissaient en pointe à l’extrémité.

Les paupières étaient ouvertes presque horizontalement, et les angles intérieurs des yeux assez près l’un de l’autre, à proportion de la largeur de la tête. Le bord des paupières était noir, ainsi que les moustaches, le bout du nez et le bord des lèvres. Les yeux étaient placés comme ceux du chien, et les orbites n’étaient pas inclinées comme dans le loup. L’iris était d’un jaune fauve tirant sur le grisâtre ; au-dessus des angles intérieurs des yeux, il y avait deux taches blanchâtres posées vis-à-vis l’une de l’autre, ce qui paraissait augmenter l’air féroce de cet animal. Il était moins haut sur ses jambes que son père chien, et paraissait tenir beaucoup du loup par les proportions du corps et par les couleurs du poil ; cependant le train de derrière semblait être un peu plus élevé que dans le loup, quoiqu’il fût plus bas que dans le chien, ce qui provenait de ce que les jambes de derrière, dans le loup, sont beaucoup plus coudées que dans le chien, et c’est ce qui donne au loup l’air de marcher sur ses talons : cet animal avait aussi plus de ventre que les chiens ordinaires, et tenait encore ce caractère de sa mère louve. Au reste, les jambes étaient fortes et nerveuses, ainsi que les pieds, dont les ongles étaient noirs en plus grande partie et plus allongés que dans le chien. L’animal les écartait en marchant, en sorte que la trace qu’il imprimait sur la terre était plus grande que celle des pieds du chien. Dans les pieds de devant, l’ongle externe et l’ongle qui suit l’interne étaient blancs ou couleur de chair ; dans le pied gauche de derrière, les deux ongles qui suivent l’interne étaient de cette même couleur de chair, et dans le pied droit de derrière, il n’y avait que l’ongle externe qui fût de cette même couleur. La queue était longue, fort semblable à celle du loup et presque toujours traînante : ce n’est que dans les moments de la plus grande joie que l’animal la relevait ; mais, dans la colère, il la tenait serrée entre ses jambes, après l’avoir tenue d’abord horizontalement tendue et l’avoir fait