Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/431

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mulets[1], et semble prouver que la mère donne la grandeur et la forme du corps, tandis que le père donne celle des parties extérieures et des membres.

On voit aussi, par les rapports de ces quatre animaux avec le chien et la louve dont ils étaient issus, que le père influe plus que la mère sur les mâles, et la mère plus que le père sur les femelles ; car le mâle de la première génération avait, comme son père chien, la tête courte, les oreilles demi-pendantes, les yeux ouverts presque horizontalement et assez voisins l’un de l’autre, les ongles et les pieds blancs ; et le jeune mâle de la seconde génération avait de même la tête courte, les yeux ouverts horizontalement et assez voisins l’un de l’autre, et les oreilles encore plus pendantes que celles du père.

Il paraît en même temps que la mère louve avait autant influé sur la forme de la queue des mâles que sur celle de leur corps ; car ces mâles, soit de la première, soit de la seconde génération, avaient également la queue longue et traînante comme leur grand’mère louve. Il paraît aussi que la mère louve a eu plus d’influence que le père chien sur la forme de la tête des femelles, puisque toutes deux, celle de la première et celle de la seconde génération, avaient la tête plus allongée, les yeux plus inclinés et plus éloignés, le bout du nez plus relevé et les oreilles plus droites, caractères qui ne peuvent provenir que de la louve ; tandis qu’au contraire ces mêmes deux femelles avaient la queue courte du grand-père chien et la couleur blanche du dessous du cou, des pieds et des ongles, ce qui prouve encore que les parties les plus extérieures sont données par le père et non par la mère.

En résumant les faits que nous venons d’exposer, il en résulte :

1o Que le grand-père chien paraît avoir eu plus de part que la grand’mère louve à la formation de la tête du mâle et de la queue de la femelle de la première génération ; et que réciproquement la louve a eu plus de part que le chien à la formation de la tête de la femelle et de la queue du mâle de cette même première génération.

2o Il semble que le mâle de cette première génération ait transmis les caractères qu’il a reçus du chien et de la louve au jeune mâle de la seconde génération, et que réciproquement sa femelle ait aussi transmis à la jeune femelle de la seconde génération les caractères qu’elle avait reçus de la louve et du chien, excepté les oreilles et le blanc des pieds et des ongles, qui dans cette jeune femelle paraissaient provenir de son père ; ce qui semble prouver que le père influe non seulement sur les extrémités des mâles, mais aussi sur les extrémités des femelles. En effet, ces quatre animaux mâles et femelles tenaient beaucoup plus du chien que du loup par la forme des pieds, quoiqu’ils eussent les jambes de derrière un peu coudées : ils avaient, comme le chien, le pied large à proportion de la jambe ;

  1. Voyez, ci-devant, l’article des mulets.