Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/432

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et d’ailleurs, au lieu de marcher comme le loup sur la partie inférieure du poignet, ils avaient, au contraire, comme le chien, cette partie assez droite en marchant, de sorte qu’il n’y avait que le dessous de leurs pieds qui posât à terre.

Autant le mélange physique des parties du corps du chien et de la louve se reconnaissait vite dans ces quatre animaux, autant le mélange qu’on pourrait appeler moral paraissait sensible dans leur naturel et leurs habitudes.

1o  Tout le monde sait que les chiens lèvent une jambe pour uriner lorsqu’ils sont adultes, car quand ils sont trop jeunes, ils s’accroupissent comme les femelles ; notre mâle adulte, c’est-à-dire celui de la première génération, levait la jambe de même, et le jeune mâle, âgé de six mois, s’accroupissait.

2o  Les loups hurlent et n’aboient pas ; nos quatre animaux aboyaient à la vérité d’un ton enroué, et en même temps ils hurlaient encore comme les loups, et ils avaient de plus un petit cri, murmure de plaisir ou de désir, comme celui d’un chien qui approche son maître. Quoiqu’ils parussent aboyer avec difficulté, cependant ils n’y manquaient jamais lorsqu’ils voyaient des étrangers ou d’autres objets qui les inquiétaient. Ils faisaient entendre leur petit cri ou murmure dans le désir et la joie, et ils hurlaient toujours lorsqu’ils s’ennuyaient ou qu’ils avaient faim ; mais en ceci ils ne faisaient que comme les chiens que l’on tient trop longtemps renfermés. Ils semblaient sentir d’avance les changements de l’air, car ils hurlaient plus fort et plus souvent aux approches de la pluie et dans les temps humides que dans les beaux temps : les loups dans les bois ont ce même instinct, et on les entend hurler dans les mauvais temps et avant les orages. Au reste, les deux jeunes animaux de la seconde génération aboyaient avec moins de difficulté que ceux de la première ; ils ne hurlaient pas aussi souvent, et ce n’était jamais qu’après avoir aboyé qu’ils faisaient entendre leur hurlement. Ils paraissaient donc se rapprocher par la voix beaucoup plus de l’espèce du chien que de celle du loup.

3o  Ils avaient une habitude assez singulière, et qui n’est pas ordinaire à nos chiens, c’est de fouiller la terre avec leur museau pour cacher leur ordure ou pour serrer le reste de leur manger, tandis que les chiens se servent pour cela de leurs ongles. Non seulement ils faisaient de petits trous en terre avec leur museau, mais ils se creusaient même une forme assez grande pour s’y coucher, ce que nous n’avons jamais vu dans nos chiens domestiques.

4o  L’on a vu que, de nos quatre animaux, les deux mâles étaient farouches et méchants, et qu’au contraire les deux femelles étaient familières et douces : le vieux mâle exerçait même sa méchanceté sur toute sa famille, comme s’il ne l’eût pas connue ; s’il caressait quelquefois sa femelle, bientôt