Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/464

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par celui de tragulus, et M. Brisson[1] par celui de gazelle de la Nouvelle-Espagne, paraît aussi différer, par l’espèce, de toutes les gazelles de l’ancien continent.

On serait porté à imaginer que le chamois, qui se plaît dans les neiges des Alpes, n’aurait pas craint les glaces du Nord, et que de là il aurait pu passer en Amérique ; cependant il ne s’y est pas trouvé. Cet animal semble affecter non seulement un climat, mais une situation particulière ; il est attaché au sommet des hautes montagnes des Alpes, des Pyrénées, etc., et, loin de s’être répandu dans les pays éloignés, il n’est jamais descendu dans les plaines qui sont au pied de ces montagnes. Ce n’est pas le seul animal qui affecte constamment un pays, ou plutôt une situation particulière : la marmotte, le bouquetin, l’ours, le lynx ou loup cervier, sont aussi des animaux montagnards que l’on trouve très rarement dans les plaines.

Le buffle, qui est un animal des pays chauds, et qu’on a rendu domestique en Italie, ressemble encore moins que le bœuf au bison d’Amérique, et ne s’est pas trouvé dans ce nouveau continent.

Le bouquetin se trouve au-dessus des plus hautes montagnes de l’Europe et de l’Asie, mais on ne l’a jamais vu sur les Cordillères.

L’animal[2] dont on tire le musc[NdÉ 1], et qui est à peu près de la grandeur d’un daim, n’habite que quelques contrées particulières de la Chine et de la Tartarie orientale ; le chevrotain[3][NdÉ 2], que l’on connaît sous le nom de petit cerf de Guinée, paraît confiné dans certaines provinces de l’Afrique et des Indes orientales, etc.

Le lapin, qui vient originairement d’Espagne, et qui s’est répandu dans tous les pays tempérés de l’Europe, n’était point en Amérique ; les animaux de ce continent, auxquels on a donné son nom sont d’espèces différentes, et tous les vrais lapins, qui s’y voient actuellement, y ont été transportés d’Europe[4].

Les furets qui ont été apportés d’Afrique en Europe, où ils ne peuvent subsister sans les soins de l’homme, ne se sont point trouvés en Amérique : il n’y a pas jusqu’à nos rats et nos souris qui n’y fussent inconnus ; ils y ont passé avec nos vaisseaux[5], et ils ont prodigieusement multiplié dans tous les lieux habités de ce nouveau continent.

Voilà donc à peu près les animaux de l’ancien continent : l’éléphant, le

  1. Voyez le Règne animal, par M. Brisson, p. 70.
  2. Hiam. animal musci. Boym, Flor. sinen., 1656, — Animal moschiferum. Ray, Synops. quadrup., p. 127.
  3. Chevrotain. Brisson, Règne animal, p. 95.
  4. Voyez l’Histoire des Incas. Paris, 1744, t. II, p. 322 et suiv.
  5. Idem, ibidem.
  1. Moschus moschiferus L.
  2. Moschus pygmæus.