Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/473

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ANIMAUX COMMUNS AUX DEUX CONTINENTS


Nous avons vu, par l’énumération précédente, que non seulement les animaux des climats les plus chauds de l’Afrique et de l’Asie manquent à l’Amérique, mais même que la plupart de ceux des climats tempérés de l’Europe y manquent également. Il n’en est pas ainsi des animaux qui peuvent aisément supporter le froid et se multiplier dans les climats du Nord ; on en trouve plusieurs dans l’Amérique septentrionale, et quoique ce ne soit jamais sans quelque différence assez marquée, on ne peut cependant se refuser à les regarder comme les mêmes, et à croire qu’ils ont autrefois passé de l’un à l’autre continent par des terres du Nord peut-être encore actuellement inconnues, ou plutôt anciennement submergées ; et cette preuve, tirée de l’histoire naturelle, démontre mieux la contiguïté presque continue des deux continents vers le Nord, que toutes les conjectures de la géographie spéculative.

Les ours des Illinois de la Louisiane, etc., paraissent être les mêmes que nos ours : ceux-là sont seulement plus petits et plus noirs.

Le cerf du Canada, quoique plus petit que notre cerf, n’en diffère au reste que par la plus grande hauteur du bois, le plus grand nombre d’andouillers, et par la queue, qu’il a plus longue.

Il en est de même du chevreuil, qui se trouve au midi du Canada et dans la Louisiane, qui est aussi plus petit, et qui a la queue plus longue que le chevreuil d’Europe ; et encore de l’orignal, qui est le même animal que l’élan, mais qui n’est pas si grand.

Le renne de Laponie, le daim de Groenland et le caribou de Canada me paraissent ne faire qu’un seul et même animal. Le daim ou cerf de Groenland, décrit et dessiné par Edwards[1], ressemble trop au renne pour qu’on puisse le regarder comme faisant une espèce différente ; et à l’égard du caribou, dont on ne trouve nulle part de description exacte, nous avons cependant jugé par toutes les indications que nous avons pu recueillir, que c’était le même animal que le renne. M. Brisson[2] a cru devoir en faire une espèce différente, et il rapporte le caribou au cervus burgundicus de Jon-

  1. Voyez A natural History of birds, by George Edwards. London, 1743, p. 51.
  2. Brisson, Règne animal, p. 91.