Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/76

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que le premier produit de la conception dans les vivipares est une espèce d’œuf, et que la seule différence qu’il y ait entre les vivipares et les ovipares, c’est que les fœtus des premiers prennent leur origine, acquièrent leur accroissement et arrivent à leur développement entier dans la matrice, au lieu que les fœtus des ovipares prennent à la vérité leur première origine dans le corps de la mère, où ils ne sont encore qu’œufs, et que ce n’est qu’après être sortis du corps de la mère, et au dehors, qu’ils deviennent réellement des fœtus ; et il faut remarquer, dit-il, que, dans les animaux ovipares, les uns gardent leurs œufs au dedans d’eux-mêmes jusqu’à ce qu’ils soient parfaits, comme les oiseaux, les serpents et les quadrupèdes ovipares ; les autres répandent ces œufs avant qu’ils soient parfaits, comme les poissons à écailles, les crustacés, les testacés et les poissons mous. Les œufs que ces animaux répandent au dehors ne sont que les principes des véritables œufs ; ils acquièrent du volume et de la substance, des membranes et du blanc, en attirant à eux la matière qui les environne, et ils la tournent

    dehors, au moment de l’éjaculation, par le canal de l’urètre. Pendant leur passage dans ce dernier, les spermatozoïdes sont mélangés à des liquides sécrétés par la prostate et par d’autres glandes situées le long du canal. Le sperme est donc un liquide très complexe dans lequel nagent les spermatozoïdes. Ces derniers sont formés d’une très petite cellule ovoïde, munie d’un long flagellum, à l’aide duquel ils se meuvent rapidement dans le liquide spermatique.

    Les cellules femelles ou œufs sont produites par une paire de glandes, toujours situées dans l’abdomen, connues sous le nom d’ovaires. À la surface des ovaires se voient un grand nombre de saillies, connues depuis très longtemps par les anatomistes et considérées d’abord par eux comme les œufs véritables. Ce sont des cavités vésiculeuses auxquelles on a donné le nom de vésicules de de Graaf, du nom du savant qui, le premier, en donna une bonne description. C’est dans ces vésicules, dont il est beaucoup question au cours de l’article de Buffon, que se développent les œufs. Chez la femme, une vésicule se rompt, d’ordinaire, à chaque époque menstruelle et l’œuf qu’elle contient est expulsé. La vésicule se cicatrise ensuite en se ratatinant et produit ce que l’on a nommé un corps jaune. Dans les vieux auteurs, et même dans Buffon, on constate une confusion déplorable entre ces trois choses : l’œuf, la vésicule de de Graaf et le corps jaune. C’est seulement au commencement de ce siècle que l’œuf des mammifères a été découvert et convenablement décrit par von Baer. Les erreurs contenues dans l’œuvre de Buffon s’expliquent donc très facilement par la confusion que je viens de rappeler, mais il est nécessaire d’en connaître la valeur pour être en mesure de le lire sans trop de fatigue.

    Je reviens aux organes générateurs de la femelle. Les deux ovaires de la femme et des mammifères organisés sur le même type diffèrent des testicules en ce qu’ils ne communiquent pas directement avec des canaux excréteurs. Ils sont isolés dans l’abdomen ; mais, dans le voisinage de chaque ovaire, il existe un canal (oviducte) dont une des extrémités très dilatée s’ouvre dans l’abdomen sous le nom de trompe et dont l’autre extrémité débouche dans l’utérus. Lors de l’évacuation de l’œuf, qui a lieu à l’époque des menstrues et souvent au moment d’un rapprochement sexuel, sous l’influence de la congestion de l’ovaire provoquée par l’excitation voluptueuse, la trompe s’applique contre l’ovaire et reçoit l’œuf qu’en est expulsé. Par l’oviducte, l’œuf descend jusque dans la cavité de l’utérus. C’est en ce dernier point, selon toutes les probabilités, qu’il se trouve en contact avec les spermatozoïdes et qu’il est fécondé. L’utérus est un sac de forme à peu près triangulaire, à base dirigée en haut, recevant dans chacun de ses angles un des oviductes, et à sommet dirigé en bas, embrassé par le vagin. À l’état de vacuité, l’utérus offre une cavité à peine visible et des parois charnues, musculaires, extrêmement épaisses. L’orifice inférieur de l’utérus,