Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/81

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qui le couve, soit par le moyen du fumier ou d’un four, on voit bientôt cette petite tache s’augmenter et se dilater à peu près comme la prunelle de l’œil : voilà le premier changement qui arrive au bout de quelques heures de chaleur ou d’incubation.

Lorsque l’œuf a été échauffé pendant vingt-quatre heures, le jaune, qui auparavant était au centre du blanc, monte vers la cavité qui est au gros bout de l’œuf ; la chaleur faisant évaporer à travers la coquille la partie la plus liquide du blanc, cette cavité du gros bout devient plus grande, et la partie la plus pesante du blanc tombe dans la cavité du petit bout de l’œuf ; la cicatricule ou la tache qui est au milieu de la tunique du jaune s’élève avec le jaune et s’applique à la membrane de la cavité du gros bout ; cette tache est alors de la grandeur d’un petit pois, et on y distingue un petit point blanc dans le milieu, et plusieurs cercles concentriques dont ce point paraît être le centre.

Au bout de deux jours ces cercles sont plus visibles et plus grands, et la tache paraît divisée concentriquement par ces cercles en deux, et quelquefois en trois parties de différentes couleurs ; il y a aussi un peu de protubérance à l’extérieur, et elle a à peu près la figure d’un petit œil dans la pupille duquel il y aurait un point blanc ou une petite cataracte. Entre ces cercles est contenue par une membrane très délicate une liqueur plus claire que le cristal, qui paraît être une partie dépurée du blanc de l’œuf ; la tache, qui est devenue une bulle, paraît alors comme si elle était placée plus dans le blanc que dans la membrane du jaune. Pendant le troisième jour, cette liqueur transparente et cristalline, augmente à l’intérieur, aussi bien que la petite membrane qui l’environne. Le quatrième jour on voit à la circonférence de la bulle une petite ligne de sang couleur de pourpre, et à peu de distance du centre de la bulle on aperçoit un point, aussi couleur de sang, qui bat ; il paraît comme une petite étincelle à chaque diastole, et disparaît à chaque systole ; de ce point animé partent deux petits vaisseaux sanguins qui vont aboutir à la membrane qui enveloppe la liqueur cristalline : ces petits vaisseaux jettent des rameaux dans cette liqueur, et ces petits rameaux sanguins partent tous du même endroit, à peu près comme les racines d’un arbre partent du tronc ; c’est dans l’angle que ces racines forment avec le tronc, et dans le milieu de la liqueur, qu’est le point animé.

Vers la fin du quatrième jour ou au commencement du cinquième, le point animé est déjà augmenté de façon qu’il paraît être devenu une petite vésicule remplie de sang, et il pousse et tire alternativement ce sang, et dès le même jour on voit très distinctement cette vésicule se partager en deux parties qui forment comme deux vésicules, lesquelles alternativement poussent chacune le sang et se dilatent, et de même alternativement elles repoussent le sang et se contractent ; on voit alors autour du vaisseau sanguin, le plus court des deux dont nous avons parlé, une espèce de nuage qui, quoique transparent,