Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/90

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remarqua aucune liqueur sensible, ce qui lui fit soupçonner que la liqueur limpide et transparente que ces follicules contiennent ordinairement, et qui est enveloppée, dit-il, de ses propres membranes, pouvait en avoir été chassée et séparée par une espèce de rupture ; il chercha donc cette matière dans les conduits qui aboutissent aux cornes de la matrice, et dans ces cornes mêmes, mais il n’y trouva rien ; il reconnut seulement que la membrane intérieure des cornes de la matrice était fort enflée. Dans une autre, disséquée trois jours après l’accouplement, il observa que l’extrémité supérieure du conduit qui aboutit aux cornes de la matrice embrassait étroitement de tous côtés l’ovaire ; et l’ayant séparée de l’ovaire, il remarqua dans l’ovaire droit trois follicules un peu plus grands et plus durs qu’auparavant ; et ayant cherché avec grand soin dans les conduits dont nous avons parlé, il trouva, dit-il, dans le conduit qui est à droite un œuf, et dans la corne droite de la matrice deux autres œufs, si petits qu’ils n’étaient pas plus gros que des grains de moutarde ; ces petits œufs avaient chacun deux membranes qui les enveloppaient, et l’intérieur était rempli d’une liqueur très limpide. Ayant examiné l’autre ovaire, il y aperçut quatre follicules altérés ; mais des quatre il y en avait trois qui étaient plus blancs et qui avaient aussi un peu de liqueur limpide dans leur milieu, tandis que le quatrième était plus obscur et ne contenait aucune liqueur, ce qui lui fit juger que l’œuf s’était séparé de ce dernier follicule ; et en effet, ayant cherché dans le conduit qui y répond et dans la corne de la matrice à laquelle ce conduit aboutit, il trouva un œuf dans l’extrémité supérieure de la corne, et cet œuf était absolument semblable à ceux qu’il avait trouvés dans la corne droite. Il dit que les œufs qui sont séparés de l’ovaire sont plus de dix fois plus petits que ceux qui y sont encore attachés, et il croit que cette différence vient de ce que les œufs, lorsqu’ils sont dans les ovaires, renferment encore une autre matière qui est cette substance glanduleuse qu’il a remarquée dans les follicules. On verra tout à l’heure combien cette opinion est éloignée de la vérité.

Quatre jours après l’accouplement, il en ouvrit une autre, et il trouva dans l’un des ovaires quatre, et dans l’autre ovaire trois follicules vides d’œufs ; et dans les cornes correspondantes à ces ovaires il trouva ces quatre œufs d’un côté, et les trois autres de l’autre ; ces œufs étaient plus gros que les premiers qu’il avait trouvés trois jours après l’accouplement ; ils étaient à peu près de la grosseur du plus petit plomb dont on se sert pour tirer aux petits oiseaux[1], et il remarqua que dans ces œufs la membrane intérieure était séparée de l’extérieure, et qu’il paraissait comme un second œuf dans le premier. Dans une autre, qui fut disséquée cinq jours après l’accouplement, il trouva dans les ovaires six follicules vides, et autant d’œufs dans la ma-

  1. Cette comparaison de la grosseur des œufs avec celle du plomb moulé n’est mise ici que pour en donner une idée juste, et pour éviter de faire graver la planche de Graaf, où ces œufs sont représentés dans leurs différents états.