Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/91

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trice, à laquelle ils étaient si peu adhérents qu’on pouvait, en soufflant dessus, les faire aller où on voulait ; ces œufs étaient de la grosseur du plomb qu’on appelle communément du plomb à lièvre ; la membrane intérieure y était plus apparente que dans les précédents. En ayant ouvert une autre six jours après l’accouplement, il trouva dans l’un des ovaires six follicules vides, mais seulement cinq œufs dans la corne correspondante de la matrice ; ces cinq œufs étaient tous cinq comme accumulés dans un petit monceau ; dans l’autre ovaire, il vit quatre follicules vides, et dans la corne correspondante de la matrice il ne trouva qu’un œuf. (Je remarquerai en passant que Graaf a eu tort de prétendre que le nombre des œufs, ou plutôt des fœtus, répondait toujours au nombre des cicatrices ou follicules vides de l’ovaire, puisque ses propres observations prouvent le contraire.) Ces œufs étaient de la grosseur du gros plomb à giboyer, ou d’une petite chevrotine. Sept jours après l’accouplement, ayant ouvert une autre lapine, notre anatomiste trouva dans les ovaires quelques follicules vides, plus grands, plus rouges et plus durs que tous ceux qu’il avait observés auparavant, et il aperçut alors autant de tumeurs transparentes, ou, si l’on veut, autant de cellules dans différents endroits de la matrice, et les ayant ouvertes, il en tira les œufs qui étaient gros comme des petites balles de plomb, appelées vulgairement des postes ; la membrane intérieure était plus apparente qu’elle ne l’avait encore été, et au dedans de cette membrane il n’aperçut rien qu’une liqueur très limpide : les prétendus œufs, comme l’on voit, avaient en très peu de temps tiré du dehors une grande quantité de liqueur, et s’étaient attachés à la matrice. Dans une autre, qu’il disséqua huit jours après l’accouplement, il trouva dans la matrice les tumeurs ou cellules qui contiennent les œufs, mais ils étaient trop adhérents, il ne put les en détacher. Dans une autre, qu’il ouvrit neuf jours après l’accouplement, il trouva les cellules qui contiennent les œufs fort augmentées, et dans l’intérieur de l’œuf, qui ne peut plus se détacher, il vit la membrane intérieure contenant à l’ordinaire une liqueur très claire, mais il aperçut dans le milieu de cette liqueur un petit nuage délié. Dans une autre, disséquée dix jours après l’accouplement, ce petit nuage s’était épaissi et formait un corps oblong de la figure d’un petit ver. Enfin douze jours après l’accouplement, il reconnut distinctement l’embryon qui, deux jours auparavant, ne présentait que la figure d’un corps oblong ; il était même si apparent qu’on pouvait en distinguer les membres : dans la région de la poitrine il aperçut deux points sanguins et deux autres points blancs, et dans l’abdomen une substance mucilagineuse un peu rougeâtre. Quatorze jours après l’accouplement, la tête de l’embryon était grosse et transparente, les yeux proéminents, la bouche ouverte, l’ébauche des oreilles paraissait, l’épine du dos, de couleur blanchâtre, était recourbée vers le sternum, il en sortait de chaque côté de petits vaisseaux sanguins dont les ramifications s’étendaient sur le dos et jusqu’aux pieds ; les deux points san-