Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/99

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que par ce moyen il pourrait reconnaître l’œuf, après lequel, dit-il, je soupirais ardemment ; mais ce fut en vain, car il ne trouva rien.

Ayant fait ouvrir une autre chienne qui avait été couverte depuis quatre ou cinq jours, il ne trouva aucune différence aux testicules, il y avait trois corps glanduleux faits comme les précédents, et qui de même laissaient distiller de la liqueur par les mamelons. Il chercha l’œuf avec grand soin partout, et il ne put le trouver ni dans ce corps glanduleux, ni dans les autres, qu’il examina avec la plus grande attention, et même à la loupe et au microscope ; il a reconnu seulement, avec ce dernier instrument, que ces corps glanduleux sont une espèce de lacis de vaisseaux formés d’un nombre infini de petites vésicules globuleuses qui servent à filtrer la liqueur qui remplit la cavité et qui sort par l’extrémité du mamelon.

Il ouvrit ensuite une autre chienne qui n’était pas en chaleur, et ayant essayé d’introduire de l’air entre le testicule et le capuchon qui le couvre, il vit que ce capuchon se dilatait très considérablement, comme se dilate une vessie enflée d’air. Ayant enlevé ce capuchon, il trouva sur le testicule trois corps glanduleux, mais ils étaient sans mamelon, sans fente apparente, et il n’en distillait aucune liqueur.

Dans une autre chienne qui avait mis bas deux mois auparavant et qui avait fait cinq petits chiens, il trouva cinq corps glanduleux, mais fort diminués de volume, et qui commençaient à s’oblitérer, sans produire de cicatrices ; il restait encore dans leur milieu une petite cavité, mais elle était sèche et vide de toute liqueur.

Non content de ces expériences et de plusieurs autres que je ne rapporte pas, Valisnieri, qui voulait absolument trouver le prétendu œuf, appela les meilleurs anatomistes de son pays, entre autre M. Morgagni, et ayant ouvert une jeune chienne qui était en chaleur pour la première fois, et qui avait été couverte trois jours auparavant, ils reconnurent les vésicules des testicules, les corps glanduleux, leurs mamelons, leur canal et la liqueur qui en découle et qui est aussi dans leur cavité intérieure, mais jamais ils ne vinrent d’œuf dans aucun de ces corps glanduleux : il fit ensuite des expériences, dans le même dessein, sur des chamois femelles, sur des renards femelles, sur des chattes, sur un grand nombre de souris, etc. ; il trouva dans les testicules de tous ces animaux toujours les vésicules, souvent les corps glanduleux et la liqueur qu’ils contiennent, mais jamais il ne trouva d’œuf.

Enfin voulant examiner les testicules des femmes, il eut occasion d’ouvrir une jeune paysanne mariée depuis quelques années, qui s’était tuée en tombant d’un arbre ; quoiqu’elle fût d’un bon tempérament et que son mari fût robuste et de bon âge, elle n’avait point eu d’enfants ; il chercha si la cause de la stérilité de cette femme ne se découvrirait pas dans les testicules, et il trouva en effet que les vésicules étaient toutes remplies d’une matière noirâtre et corrompue.