Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/100

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Dans les testicules d’une fille de dix-huit ans qui avait été élevée dans un couvent, et qui, selon toutes les apparences, était vierge, il trouva le testicule droit un peu plus gros que le gauche ; il était de figure ovoïde, et sa superficie était un peu inégale ; cette inégalité était produite par la protubérance de cinq ou six vésicules de ce testicule, qui avançaient au dehors. On voyait du côté de la trompe une de ces vésicules qui était plus proéminente que les autres, et dont le mamelon avançait au dehors, à peu près comme dans les femelles des animaux lorsque commence la saison de leurs amours. Ayant ouvert cette vésicule, il en sortit un jet de lymphe ; il y avait autour de cette vésicule une matière glanduleuse en forme de demi-lune et d’une couleur jaune tirant sur le rouge ; il coupa transversalement le reste de ce testicule, où il vit beaucoup de vésicules remplies d’une liqueur limpide, et il remarqua que la trompe correspondante à ce testicule était fort rouge et un peu plus grosse que l’autre, comme il l’avait observé plusieurs fois sur les matrices des femelles d’animaux, lorsqu’elles sont en chaleur.

Le testicule gauche était aussi sain que le droit, mais il était plus blanc et plus uni à sa surface ; car quoiqu’il y eût quelques vésicules un peu proéminentes, il n’y en avait cependant aucune qui sortît en forme de mamelon ; elles étaient toutes semblables les unes aux autres et sans matière glanduleuse, et la trompe correspondante n’était ni gonflée, ni rouge.

Dans une petite fille de cinq ans il trouva les testicules avec leurs vésicules, leurs vaisseaux sanguins, leurs fibres et leurs nerfs.

Dans les testicules d’une femme de soixante ans il trouva quelques vésicules et les vestiges de l’ancienne substance glanduleuse, qui étaient comme autant de gros points d’une matière de couleur jaune brun et obscure.

De toutes ces observations, Valisnieri conclut que l’ouvrage de la génération se fait dans les testicules de la femelle, qu’il regarde toujours comme des ovaires, quoiqu’il n’y ait jamais trouvé d’œufs, et qu’il ait démontré au contraire que les vésicules ne sont pas des œufs ; il dit aussi qu’il n’est pas nécessaire que la semence du mâle entre dans la matrice pour féconder l’œuf ; il suppose que cet œuf sort par le mamelon du corps glanduleux après qu’il a été fécondé dans l’ovaire, que de là il tombe dans la trompe, où il ne s’attache pas d’abord, qu’il descend et s’augmente peu à peu, et qu’enfin il s’attache à la matrice. Il ajoute qu’il est persuadé que l’œuf est caché dans la cavité du corps glanduleux, et que c’est là où se fait tout l’ouvrage de la fécondation, « quoique, dit-il, ni moi ni aucun des anatomistes en qui j’ai eu pleine confiance n’ayons jamais vu ni trouvé cet œuf. »

Selon lui, l’esprit de la semence du mâle monte à l’ovaire, pénètre l’œuf, et donne le mouvement au fœtus qui est préexistant dans cet œuf. Dans l’ovaire de la première femme étaient contenus des œufs qui non seulement renfermaient en petit tous les enfants qu’elle a faits ou qu’elle pouvait faire, mais encore toute la race humaine, toute sa postérité jusqu’à l’extinc-