LA FAUVETTE BABILLARDE. 479
répète à tout moment, ce qui lui a fait donner le nom de babillarde ; outre ce refrain qu’elle chante le plus souvent en l’air, elle a une autre sorte d’accent ou de sifflement fort grave bjîe. bjîe, qu’elle fait entendre de l’épaisseur des buissons, et qu’on n’imaginerait pas sortir d’un oiseau si petit ; ses mouve- ments sont aussi vifs, aussi fréquents que son babil est continu ; c’est la plus remuante et la plus leste des fauvettes. On la voit sans cesse s’agiter, voleter, sortir, rentrer, parcourir les buissons, sans jamais pouvoir la saisir dans un instant de repos. Elle niche dans les haies, le long des grands che- mins, dans les endroits fourrés, près de terre et sur les touffes mêmes des herbes engagées dans le pied des buissons (a) ; ses œufs sont verdâtres, pointillés de brun.
Suivant Belon, les Grecs modernes appellent cette fauvette potamida, oiseau du bord des rivières ou des ruisseaux : c’est sous ce nom qu’il l’a reconnue en Crète, comme si dans un climat plus chaud (b) elle affectait davantage de rechercher la proximité des eaux que dans nos contrées tempérées, où elle trouve plus aisément de la fraîcheur ; les insectes que l’humidité échauffée fait éclore font sa principale nourriture. Son nom, dans Aristote (c), désigne
avec la figure empruntée d’Olina, pl. 33. — Ficedula canabina, Willughby, Ornithol., avec la figure prise dans Olina, tab. 23. — Ficedula rostro et pedibus luteis major. » Barrère, Ornithol., class. iii, g. 18, sp. 2. — « Parus subviridis, seu curruca. » Idem, ibid., g. 24, sp. 6. — « Motacilla supra fusca, subtus exalbida ; macula ponè oculos grisea. » Linnæus, Fauna Suec., n° 233. — « Motacilla supra fusca, subtus albida : rectricibus fuscis : extremâ
margine tenuiore alba. » Curruca. Linnæus, Syst. nat., édit. X, g. 99, sp. 6. — Motacilla supra grisea, subtus cinerea, remigibus primoribus apice obsoletis. » Philomela, Idem, ibid., sp. 10. — Luscinia fusca. Klein, Avi., p. 73, n° 3, idem, ibid., n° 2. Luscinia altera. — Canevarola Bononiensibus dicta. Aldrovande, Avi., t. II, p. 754, avec une figure peu ressem- blante. — Jonston, Avi., p. 88, tab. 45, la figure copiée d’Aldrovande. — Clarleton, Exercit., p. 97, n° 12, idem. Onomast. p. 91, n° 12. — Beccafigo canapino. Olina, p. 11, avec une figure peu exacte. — Fauvette brune. Belon, Nat. des Oiseaux, p. 340, avec une figure pas- sable. idem. Portrait d’oiseaux, p. 85, a. Fauvette noire ou brune, avec la même figure. — « Ficedula supernè cinereo fusca, infernè alba, cum aliqua rufescentis mixturâ, vertice ci- nereo, tæniâ infra oculos saturatè cinereâ ; rectricibus fuscis ; marginibus griseis, extimâ exteriùs et apicc albâ, interiùs cinereâ margine albâ præditâ... » Curruca garrula, la fau-
vette babillarde. Brisson, Ornithol., t. III, p. 384.
(a) « Nidum suspendit inter gramina rotundum, ova maio, plerumque quinque aliquando septem, subviridia, punctis notata. » Schwenckfeld, Avi. Siles., p. 255.
(b) « Quelques auteurs grecs et modernes ont mis potamida de nom vulgaire, pensant exprimer le rossignol ; toutefois sommes bien assurés que potamida n’est pas rossignol, car lorsqu’étions en Crète, trouvâmes le nid de tel oiseau qu’ils nomment potamida sur une plante de teucrion, et lequel pûmes reconnoître que c’étoit de l’oiseau que notre vulgaire nomme une fauvette brune... Ce n’est pas sans raison que le vulgaire de la Grèce la nomme pota- mida, car elle suit communément les ruisselets, pour ce qu’elle y trouve mieux sa pasture, qu’elle prend de vermine en vie. » Belon, Nat. des Oiseaux, p. 340. — « Il y a un autre
oiseau appelé par les anciens curruca, que les Français connaissent sous le nom de fau- vette brune, et que les Grecs qui habitent à présent cette île (de Crète) appellent potamida. L’on tient que le coucou est son ennemi, et qu’il mange ses petits quand il en trouve l’occasion. » Dapper, Descript. des îles de l’Archipel, p. 62.
(c) ’Υπολαΐς, que Gaza traduit curruca ; nom que tous les naturalistes ont appliqué à cette fauvette. « Ypolaïs, quod verminibus pascatur. » Schwenckfeld.