Page:Buffon - Histoire naturelle, 1st edition, vol. 1, 1749.djvu/162

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je ne prétends pas donner ici des rapports exacts, mais seulement des approximations, pour faire voir que les densités des planètes ont beaucoup de rapport avec leur vîtesse dans leurs orbites.

La comète ayant donc par sa chûte oblique sillonné la surface du soleil, aura poussé hors du corps de cet astre une partie de matière égale à la 650me partie de sa masse totale ; cette matière qu’on doit considérer dans un état de fluidité, ou plûtôt de liquéfaction, aura d’abord formé un torrent, les parties les plus grosses & les moins denses auront été poussées au plus loin, & les parties les plus petites & les plus denses n’ayant reçu que la même impulsion ; ne se seront pas si fort éloignées, la force d’attraction du soleil les aura retenues, toutes les parties détachées par la comète & poussées les unes par les autres, auront été contraintes de circuler autour de cet astre, & en même temps l’attraction mutuelle des parties de la matière en aura formé des globes à différentes distances, dont les plus voisins du soleil auront nécessairement conservé plus de rapidité pour tourner ensuite perpétuellement autour de cet astre.

Mais, dira-t-on une seconde fois, si la matière qui compose les planètes a été séparée du corps du soleil, les planètes devroient être, comme le soleil, brûlantes & lumineuses, & non pas froides & opaques comme elles le sont : rien ne ressemble moins à ce globe de feu qu’un globe de terre & d’eau, & à en juger par comparaison, la matière de la terre & des planètes est tout-à-fait différente de celle du soleil.